Le président de la Commission parlementaire mixte Maroc-UE, Lahcen Haddad, a donné sa lecture de la résolution du Parlement européen qu'il qualifie de « fuite en avant ». Le conseiller istiqlalien a réfuté les accusations de lobbying tout en fustigeant le rôle suspect des eurodéputés macronistes qui ont voté la résolution. Détails La résolution du Parlement européen continue de susciter les critiques au Maroc. Après la réaction ferme du Parlement marocain qui a décidé de reconsidérer les relations avec le Parlement de Strasbourg, la Commission parlementaire mixte Maroc-UE, s'est prononcée officiellement sur cette polémique par la voix de son président Lahcen Haddad. Invité, ce mardi, au Forum de la MAP, le Conseiller de l'Istiqlal a réfuté, preuves à l'appui, les accusations de lobbying que colportent certains médias européens à longueur de journée en se basant sur les supposées révélations d'Antonio Panzerri, l'un des principaux accusés dans l'affaire du QatarGate. Sur ce point, Haddad a démêlé le vrai du faux, expliquant que l'ex-eurodéputé, arrêté par la police belge, n'avait aucun contact avec les membres marocains de la Commission. « Panzeri ne traitait pas avec nous », a-t-il précisé. Il en est de même de l'actuel président de la Commission parlementaire du côté européen, Andrea Cozzolino, qui, selon les confidences de Lahcen Haddad, boycottait clairement les députés marocains et n'attachait aucune importance à la Commission mixte. « Son adjoint ne répondait même pas à nos correspondances », a confié Lahcen Haddad, ajoutant :« Ceux qu'on prétend à la solde du Maroc ne faisaient que dresser des obstacles au travail de la Commission mixte ». Lahcen Haddad n'a pas manqué de répondre à ceux qui reprochent aux députés marocains leur présence régulière dans les couloirs du Parlement de Strasbourg. Selon lui, ces accusations sont d'autant plus infondées que le travail de la Commission est structuré. En réalité, les députés marocains y accèdent sur la base d'une liste de réunions qui contient les noms et ceux de leurs homologues européens qu'ils rencontrent. En plus de cela, les députés marocains estiment, selon M. Haddad, que le travail de la commission mixte est d'autant plus légitime qu'il faut défendre le Maroc au sein de l'hémicycle européen où foisonnement les attaques des lobbys pro-polisario. « Si les eurodéputés jugent que nous n'avons pas de places au Parlement de Strasbourg, qu'ils mettent un terme à ces attaques », a-t-il martelé, rappelant qu'il y a eu, depuis 2016, 420 amendements hostiles aux intérêts du Royaume, dont 18 en 2022. Haddad a fait part de son étonnement du fait que le PE s'acharne contre les députés marocains alors qu'ils laissent travailler librement ce qu'on appelle « l'intergroupe pour le Sahara », bien qu'il ne soit pas légal. « Ces intergroupes sont thématiques et n'ont aucun rapport avec des sujets comme le dossier du Sahara qui est soumis aux Nations Unies », a-t-il argué. Le coup de poignard des « macronistes » Lahcen Haddad s'est étonné également du rôle qu'ont joué les eurodéputés français appartenant au groupe « Renew Europe » dans l'adoption de la résolution hostile. « Les Centristes et les libéraux ont toujours été des alliés du Maroc, ce qui est surprenant, c'est que leur attitude a changé après l'arrivée des libéraux français à leur tête », a-t-il indiqué, faisant allusion au rôle du président de Renew, Stéphane Séjourné, l'un des proches d'Emmanuel Macron, dans l'adoption de la résolution. Haddad l'a qualifié de « l'un des architectes de la résolution ». « Il est surprenant de voir une telle attitude de la part des eurodéputés français qu'on croyait nos alliés », a poursuivi M. Haddad, qui attribue la responsabilité de cela à l'Etat profond en France qui, selon lui, « est dérangé par les victoires diplomatiques du Maroc et a profité du Qatargate pour pousser les libéraux à voter cette décision ». Par ailleurs, Lahcen Haddad a qualifié la résolution du Parlement européen de « fuite en avant » tout en minimisant son importance pour deux raisons. La première est que la résolution n'a aucun effet juridique. Elle est d'autant plus insignifiante qu'elle n'a été votée ni par les socialistes espagnoles ni par le Parti populaire européen, plus grande formation au Parlement.