Pour éteindre la crise au Niger, l'Algérie, qui voit ses larges frontières déstabilisées, a proposé aux militaires qui ont pris le pouvoir le 26 juillet « un plan de transition de six mois » censé garantir une restauration de l'ordre constitutionnel et démocratique, a indiqué son chef de la diplomatie, mardi 29 août. Une proposition singulière d'un pays où l'armée occupe une place prépondérante – souvent qualifiée d'hégémonique – dans l'appareil étatique algérien, où les observateurs qualifient le système politique en place depuis six décennies de régime militaire. L'Algérie est-elle bien placée de proposer une telle solution sachant que son armée exerce un contrôle de fer sur les affaires publiques du pays, au point d'être impliquée directement et de façon continue dans le processus politique ? Ahmed Attaf, homme à tout faire du régime, était à peine de retour d'une tournée dans trois pays de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest) : Nigeria, Bénin et Ghana. Son numéro deux, Lounes Magramane, s'était rendu en parallèle à Niamey, où il a pu s'entretenir avec le Premier ministre, Ali Mahaman Lamine Zeine. Au fond, l'Algérie est plus soucieuse de son sort que de celui de son voisin. Le plan algérien, d'après les sources de Barlamane.com, a été récusé par les autorités constitutionnelles écartées du pouvoir, puisqu'il « élimine » le président légitime Bazoum, réputé proche du camp occidental, notamment de la France. Alger propose une « autorité civile dirigée par une personnalité consensuelle et acceptée par tous les bords de la classe politique », afin de conduire au « rétablissement de l'ordre constitutionnel dans le pays », une formule qui divise encore les principaux protagonistes de la crise. Le président Abdelmadjid Tebboune a fait savoir le 6 août qu'il refusait « catégoriquement toute intervention militaire » extérieure au Niger qui représente, selon lui, « une menace directe pour l'Algérie ».