L'Algérie a envoyé, jeudi 24 août, au Niger le numéro deux de sa diplomatie pour désamorcer la crise dans ce pays. Mercredi, c'est le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, qui avait entamé une tournée de discussions dans trois pays de la Cedeao (Nigeria, Bénin et Ghana) sur mandat du président algérien Abdelmadjid Tebboune, pour qui le Sahel ne figure pas dans ses priorités. Ce dernier n'y a effectué aucune visite officielle depuis longtemps mais multiplie les déplacements en Europe et en Orient. Le déplacement de Lounès Magramane soulève des points d'interrogation assez pointus, notamment le fait que Tebboune relègue les visites et les déplacements officiels sensibles à ses subalternes. Stratégie qui se révèle lourdement payante, annihilant l'efficacité de la politique étrangère algérienne, notamment au Sahel. Le malaise est tel que cette manière d'agir suggère clairement l'absence de stratégie, notamment avec les informations rapportant la clôture de l'espace aérien algérien à l'aviation française engagée dans les opérations antiterroristes. La lenteur des réactions, la redondance des déclarations, le caractère défensif et improvisé des réponses officielles et l'absence totale de proactivité accentuent le danger autour d'une Algérie minée par les luttes des centres du pouvoir. Le président Tebboune a fait savoir le 6 août qu'il refusait « catégoriquement toute intervention militaire » extérieure au Niger qui représente, selon lui, « une menace directe pour l'Algérie ». Il « n'y aura aucune solution sans nous. Nous sommes les premiers concernés », avait-il ajouté, dans un entretien sur la télévision nationale. Plus grande nation d'Afrique, l'Algérie qui partage près de 1 000 km de frontière avec le Niger, est limitrophe de deux pays en proie à des crises profondes: le Mali et la Libye et elle refuse l'ouverture d'un troisième front. Et les indiscrétions qui entendent que l'Algérie veut imposer sa solution au Niger sans consulter les puissances agissantes dans la région, notamment la France, agitent les cercles diplomatiques.