Fin 2022, le président Abdelmadjid Tebboune a salué la «relation de confiance» entre la France et l'Algérie et son «amitié réciproque» personnelle avec Emmanuel Macron, sauf qu'en France, personne n'est dupe que la relation entre les deux pays semble irréparable. Dans un article très fouillé, le journaliste français Nicolas Baverez a diagnostiqué un «risque algérien» qu'il faut gérer. Pour lui, «la seule source de légitimité de la dictature militaire [reste] la détestation de la France». «Et l'agressivité envers notre pays ne peut que croître avec la reprise en main de l'Algérie par l'Etat profond qui a brisé les espoirs et les militants du Hirak, avec l'incapacité du régime à casser la spirale du non-développement, avec la volonté de revanche du Sud global contre les anciennes puissances coloniales», a-t-il dit. «Le blocage du développement est indissociable de l'immobilisme du système politique. Il est plus que temps pour la France de sortir du déni sur la nature du régime algérien et sur sa stratégie de déstabilisation de notre pays. L'Algérie est un pays hautement stratégique pour l'équilibre de la Méditerranée et de l'Afrique du Nord comme pour celui du marché du gaz. Elle est aussi une bombe à retardement, dont l'explosion programmée sera catastrophique pour la France. Sa population atteindra en effet 60 millions d'habitants en 2050 et son économie est promise à la ruine par la fin de la rente des hydrocarbures et l'accélération du réchauffement climatique», écrit M. Baverez. Redéfinir une politique cohérente envers l'Algérie Au lieu de cultiver sa soumission à la rente mémorielle du régime, la France doit redéfinir une politique cohérente vis-à-vis de l'Algérie autour de cinq priorités, souligne le journaliste. Parmi ces points, «la remise en cause de l'accord du 27 décembre 1968 octroyant aux Algériens un statut dérogatoire au droit commun en matière d'immigration qui interdit tout contrôle des flux alors qu'ils représentent 12,7 % des immigrés vivant en France [et] la réconciliation avec le Maroc, qui constitue le meilleur allié pour stabiliser l'Afrique.» Et de conclure : «L'heure n'est plus à rêver à des partenariats chimériques avec l'Algérie mais à gérer le risque réel qu'elle constitue.»