Soixante ans après l'indépendance, la classe politique algérienne communie toujours dans l'hostilité de la France, écrit, le mensuel l'Incorrect dans sa nouvelle livraison. «Le régime algérien, en place depuis près de 60 ans, prolonge à l'infini la digestion d'un passé recomposé et d'une indépendance mythifiée. L'Algérie a dépassé le stade du roman national : elle est entrée dans celui de la farce historique. Qui ne fait pas rire grand monde» note le magazine L'Incorrect dans son édition de novembre sous la plume de Jérôme Besnard. «Le discours paranoïaque des autorités politiques algériennes ne cesse de désigner l'ennemi, dans un réflexe schmittien de plus en plus prégnant : si la pauvreté est endémique malgré la rente pétrolière, c'est selon les jours la faute de la France, d'Israël ou du Maroc» a pointé M. Besnard. «Cet été, lesdites autorités ont même attribué la responsabilité des tragiques feux de forêts en Kabylie à un complot fourbi depuis Rabat et Tel-Aviv. Il faut qu'agiter la fibre nationaliste algérienne est l'ultime moyen de propagande à la disposition du FLN au pouvoir depuis 1962 pour perpétuer son statut de caste bénéficiait des retombées de la rente pétrolière. Ajoutez-y la répression des mouvements populaires arabes ou kabyles désireux de secouer le joug des militaires tirant les ficelles à Alger et la lente propagation de la loi islamique pour donner un vernis religieux au régime et vous aurez un état des lieux général peu reluisant de l'Algérie» a-t-on mentionné L'Algérie avait interdit son espace aérien aux avions militaires français qui empruntent quotidiennement l'espace aérien algérien pour rejoindre ou quitter la bande sahélo-saharienne où sont déployées les troupes de l'opération antidjihadiste «Barkhane». «Un chantage pour le moins inamical» estime L'Incorrect. «Surtout, il est à souligner que l'immense majorité de la classe politique algérienne, pouvoir comme opposition, a condamné les propos d'Emmanuel Macron prouvant que c'est une part très importante de la société algérienne qui communie dans le déni, voire dans la franche hostilité à la France» a-t-on indiqué. Lors d'une discussion relatée dans Le Monde, Emmanuel Macron a estimé qu'après son indépendance en 1962 l'Algérie s'est construite sur «une rente mémorielle», entretenue par «le système politico-militaire». Il y évoque aussi «une histoire officielle», selon lui, «totalement réécrite», qui «ne s'appuie pas sur des vérités» mais sur «un discours qui repose sur une haine de la France». «La guerre d'Algérie n'est pas tournée, elle ne le sera pas tant que l'aile la plus dure du FLN sera au pouvoir de l'autre côté de la Méditerranée. La cécité de nos gouvernants est donc criminelle. Nous devons intégrer la difficulté d'un partenariat stratégique régional avec un pays devenu versatile sur le plan diplomatique. Quelle que soit l'évolution de l'Algérie, nous n'en sommes probablement qu'au début de nos ennuis» conclut le magazine. Selon Emmanuel Macron, «le système algérien est fatigué, le Hirak [le mouvement prodémocratie à l'origine de la démission en 2019 du président Abdelaziz Bouteflika, mort récemment] l'a fragilisé». Dans son entretien avec des jeunes, le président français a assuré avoir «un bon dialogue avec le président algérien, Abdelmadjid Tebboune», ajoutant toutefois : «Je vois qu'il est pris dans un système qui est très dur.»