À quelques jours des législatives en Espagne, le Polisario et l'Algérie soutiennent de manière souterraine les tendances politiques les plus radicales de l'échiquier politique en Espagne. La consigne, répétée tout bas de bouche en bouche, est sans équivoque : cibler le Premier ministre Pedro Sánchez et le Maroc. Les réunions des relais du Polisario en Espagne montent la discussion à un ton suraigu d'où elle ne redescend plus, soutiennent les candidats publiquement hostiles à Rabat, assènent sur la table de si grands coups en faveur des extrêmes politiques qui appuient leurs thèses séparatistes. Le Parti socialiste a convoqué les élections anticipées le 23 juillet plutôt que d'attendre la fin normale de la législature en décembre, alertant sur les conséquences d'une alliance de circonstance entre le Parti populaire (PP, droite) d'Alberto Núñez Feijóo avec le parti d'extrême-droite Vox pour pouvoir gouverner dans de nombreuses régions. L'Algérie, qui a suspendu en juin 2022 un «traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération» conclu en 2002 avec l'Espagne, après la position historique de Madrid en faveur du Maroc sur le dossier du Sahara, redoute une victoire de Pedro Sánchez, laquelle compromettrait ses plans de renverser cette décision. Mission quasi-difficile même si les adversaires de M. Sánchez l'emportent. «On veut un retour au statu-quo concernant le Sahara avec le prochain gouvernement espagnol», avait éructé le président algérien. Abdelmadjid Tebboune, qui avait qualifié en avril 2022 d'«inacceptable moralement et historiquement» le soutien de Madrid à Rabat, compte sur la capacité de nuisance du Polisario en Espagne pour polluer les élections régionales. Les miliciens de Brahim Ghali avaient annoncé l'année précédente rompre avec le gouvernement espagnol, multipliant les réactions incendiaires contre lui. Grâce à l'appui algérien, le Polisario demande désormais à être toléré dans les majorités légales et régulières espagnol ! Cela n'est pas considéré comme sérieux et ne peut être pris comme tel. Tesh Sidi par exemple, imposée par le Parti communiste espagnol, n'est que l'incarnation imbécile des passions sauvages, ignorantes, rebelles qui fermentent au fond de certaines formations politiques contre le Maroc. Chacun tire de son portefeuille un carnet couvert de chiffres et expose ses prévisions. Selon une moyenne de tous sondages les plus récents calculée par le quotidien El País, le PP est crédité d'environ 33 % des voix, les socialistes de 26 ou 27 %, Vox de 14 % et Sumar (coalition de partis situés à la gauche des socialistes) de 13 à 14 %. Rien ne prédit que le PP peut, sans tractations, atteindre la majorité absolue de 176 sièges au Parlement. Ce qui devrait le contraindre à négocier un pacte de gouvernement avec Vox, une éventualité désagréable pour lui. Selon les observateurs, le prochain gouvernement pourrait être un gouvernement de coalition: soit entre les socialistes et Sumar, soit entre le PP et Vox. La nature de la composition du prochain cabinet reste très incertaine.