Malgré l'institution d'un quota pour les femmes lors des législatives de 2002, les Marocaines demeurent sous-représentées au Parlement. Les lois ont changé mais les partis politiques ont du mal à se défaire de leur héritage patriarcal. Le 7 octobre, date des élections législatives, les Marocains voteront pour deux listes : une liste locale regroupant les candidats d'un parti dans une circonscription, et une liste nationale, réservée aux femmes et aux jeunes de moins de 40 ans. Instituée en 2002, la liste nationale était initialement réservée aux femmes, une catégorie historiquement lésée par le vote. Mais son objectif ultime était de pousser les partis politiques à présenter des candidatures féminines au niveau des circonscriptions locales pour assurer une compétition équitable avec les hommes. Quatorze ans après, l'effet boule de neige escompté n'a pas eu lieu, si bien qu'en la matière le Maroc se trouve relégué au dernier rang des pays du Maghreb. « La plupart des partis politiques continuent de présenter des femmes dans les circonscriptions où ils sont presque certains de ne pas gagner », se désole Khadija Rebbah, coordinatrice nationale du Mouvement pour la démocratie paritaire (MDP). Mentalités patriarcales Créé en 2006 pour promouvoir la place de la femme dans les institutions politiques, le MDP regroupe actuellement plus de 1000 associations, provenant du rang féministe mais également des droits de l'homme, de la question amazigh, du développement local… « Nous avons compris dès le départ que l'accès de la femme au Parlement est une cause transversale impliquant tous les mouvements progressistes », explique la militante. En 2002, en plein débat sur la réforme de la Moudawanna (Statut du personnel), le Maroc adopte le principe d'une liste nationale qui consacre aux femmes un quota de 10% des sièges de la première chambre du Parlement. Celle-ci a permis de faire bondir la représentativité féminine de 0,56% à 10,8%. 35 femmes sont rentrées dans l'hémicycle cette année-là : 30 au titre de la liste nationale et cinq au titre des circonscriptions locales. Percée communale En 2007, elles sont 34 à avoir gagné un siège au Parlement, dont seulement quatre au titre des circonscriptions locales. Un siège de moins qu'en 2002. Pourtant, les partis politiques avaient entamé à cette période un large mouvement de féminisation de leurs instances et une vraie percée féminine commençait à se ressentir dans les élections locales de 2009. Une percée qui a été, d'ailleurs, confirmée lors des élections municipales de septembre 2015 où les femmes ont réussi à décrocher 21,3% des sièges dans les communes et 37% dans les régions grâce au mouvement féministe qui a pu imposer aux partis politiques de consacrer le tiers de leurs listes locales aux femmes. Femmes et jeunes pêle-mêle C'est au niveau du Parlement que le bilan n'est pas reluisant. Lors des législatives anticipées de 2011, dans le sillage des révolutions arabes, la liste nationale, initialement féminine, est élargie aux jeunes. Elle passe de 30 sièges à 90 à raison de 60 sièges pour les femmes et 30 pour les jeunes. Objectif : rajeunir un paysage politique vieillissant et donner une voix à une jeunesse qui réclamait le changement. Mais le législateur décide en même temps d'augmenter le nombre de sièges au parlement, qui passent de 325 à 395. Au lieu de faire un bond spectaculaire en avant, le pourcentage de représentativité féminine s'est établi à 17,3%, moins qu'en Tunisie, qui a opté pour la parité totale dans les listes électorales, et encore moins qu'en Algérie.N