L'hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné a critiqué, dans sa dernière édition, les autorités algériennes qui, «très chatouilleuses sur les questions mémorielles, se sont curieusement pris les pieds dans le linceul à l'occasion de la restitution par la France, en 2020, des crânes de 24 résistants à la colonisation.» L'Algérie a récupéré en 2020 les restes de vingt-quatre combattants algériens tués au début de la colonisation française. Les restes mortuaires -des crânes- sont eu droit à des honneurs officiels mais s'est avéré que plusieurs d'entre-elles seraient celles de voleurs et d'assassins. L'hebdomadaire rappelle que le «New York Times» du 17 octobre a fait des «révélations embarrassantes sur ces restes humains, qui ont été accueillis à Alger avec les honneurs militaires et inhumés dans le carré des martyrs du cimetière d'El Alia, aux côtés de ceux des combattants tombés lors de la lutte pour l'indépendance.» Il ajoute que parmi les 24 crânes honorés, trois sont ceux d'anciens supplétifs de l'armée française –deux tirailleurs et un zouave-, que l'Algérie «considère officiellement comme des traîtres et des collabos». L'affaire «est d'autant plus embarrassante que le Muséum national d'histoire naturelle – qui conservait les têtes, à Paris, dans les cartons du genre boîte à chaussures – a transmis aux autorités algériennes toute la documentation en sa possession. Apparemment, personne ne s'est donné la peine de la lire, de l'autre côté de la Méditerranée !», ironise le palmipède. Le président algérien, au moment de la restitution des crânes, a salué «ces héros qui ont affronté l'occupation française brutale, entre 1838 et 1865, et que l'ennemi sauvage a décapités en représailles avant de transférer leurs crânes outre-mer afin que leurs sépultures ne soient pas un symbole de la résistance». Beaucoup estiment que le régime algérien savait l'identité réelle des restes mortuaires qu'il a récupérées. Le régime algérien détourne la question mémorielle depuis des années. Ses députés ont adopté à l'unanimité, en 2020, une loi instaurant une journée de la Mémoire, le 8 mai, en souvenir des massacres de 1945 commis par les forces françaises à Sétif et dans le Constantinois (est). Il remet aussi sur la table le dossier des «disparus» pendant la guerre d'indépendance (1954-1962), un dossier auquel la France n'accorde aucun intérêt. En février 2017, alors qu'il était candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron, en visite à Alger, avait qualifié la colonisation de l'Algérie de «crime contre l'humanité». Des propos qui ont été critiqués par ses détracteurs.