L'histoire est prenante : Quelques semaines après avoir été élu président, en 2017, Emmanuel Macron a exprimé sa volonté de restituer les crânes d'insurgés algériens tués par l'armée française et conservés au Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) à Paris. Ce geste a été annoncé avant sa première visite officielle dans ce pays avant que les crânes de ces chefs de la résistance populaire algérienne fussent acheminés par avion militaire vers Alger, trois ans plus tard. Aujourd'hui, le scandale de cette restitution est retentissant. Dans les faits, il y a plusieurs scandales dans le scandale : les autorités algériennes, semble-t-il, avaient «en connaissance de cause inhumé trois traîtres dans le carré des martyrs à Alger» selon plusieurs sources et que le régime algérien a profité de cet événement pour en faire «un moment fort d'unité nationale, solennel, et une belle victoire sur l'ancien occupant.» Aussi, l'Algérie au courant de l'identité des crânes litigieux, ne possède aucune autorité sur les restes mortuaires qu'elle a récupérés, lesquels demeurent propriété inaliénable et imprescriptible de la France, «faute d'une loi-cadre de restitution des restes humains, ils Même enterrés à Alger», écrit Le Monde. «Ils sont officiellement mis en dépôt pour cinq ans.» «Ces trois crânes ont donc été inhumés en compagnie de résistants morts lors de la conquête, durant laquelle des centaines de milliers d'habitants ont perdu la vie.Ils pourraient reposer aux côtés de certaines de leurs victimes.Une image difficilement concevable au regard de la sensibilité de l'opinion algérienne sur la question de la colonisation. Comment cette situation a-t-elle été rendue possible ?», écrit Le Monde dans son édition de fin de semaine. Ali Belkadi, un historien et anthropologue algérien, s'étrangle : «Deux tirailleurs, mercenaires indigènes opposés au mouvement national, morts les armes à la main pour la France, ont été enterrés [...] parmi nos braves, héros martyrs de la résistance.» «Ali Belkadi n'est pas n'importe qui : c'est lui qui, en 2011, découvre les crânes de ces victimes au cours de ses recherches à Paris dans les collections du Musée de l'homme, dépendant du MNHN. C'est lui encore qui a été à l'initiative d'une campagne alertant les autorités algériennes pour exiger de la France leur restitution», rappelle Le Monde. Autres problématiques En juillet 2021, un rapport final sur les crânes algériennes «a été validé par les scientifiques français et algériens mais celui-ci n'a jamais été officiellement remis aux gouvernements des deux pays», aucune raison n'a été évoquée. Les Algériens étaient-ils au courant de l'identité des crânes litigieux ? «Bien sûr, c'est dans le rapport qui n'a pas été rendu public, il y a l'ensemble de la documentation, avec des photos. Nous n'avons conservé que ceux dont on a été certains de l'identité, il n'y a pas d'anonyme», ajoute l'ancien coprésident du Muséum national d'histoire naturelle (MNHN). «Pourquoi les autorités algériennes ont-elles choisi d'inhumer des crânes qui ne sont pas ceux de résistants dans un haut lieu symbolique ? Pourquoi ne pas les avoir écartés ? Négligence ? Précipitation ?», des questions du Monde, qui resteront ouvertes.