L'Algérie a récupéré en 2020 les restes de vingt-quatre combattants algériens tués au début de la colonisation française au XIXe siècle. Les restes mortuaires, qui font partie de l'une des plus grandes collections de crânes d'Europe au Musée de l'Homme ou encore le Musée de l'humanité, à Paris, ont été présentés par le gouvernement algérien comme des « combattants de la résistance ». Mais des documents du musée et du gouvernement français, récemment obtenus par le New York Times, montrent que si six des crânes restitués étaient ceux de résistants, les autres n'étaient pas ou étaient d'origine incertaine. «Les affaires diplomatiques ont prévalu sur les affaires historiques», a déclaré Catherine Morin-Dessailly, une sénatrice française de centre droit qui a longtemps travaillé sur les restitutions de restes. «C'était bâclé, fait en catimini.» Les ossements ont été restitués en vertu d'un accord signé par les deux gouvernements le 26 juin 2020, qui comprenait une annexe de quatre pages détaillant les identités des restes. Parmi eux, selon le document obtenu par The Times, se trouvaient des voleurs emprisonnés et trois fantassins algériens ayant effectivement servi dans l'armée française. Un scandale lorsqu'on sait que le gouvernement algérien a salué avant deux ans «ces héros qui ont affronté l'occupation française brutale, entre 1838 et 1865, et que l'ennemi sauvage a décapités en représailles avant de transférer leurs crânes outre-mer afin que leurs sépultures ne soient pas un symbole de la résistance». Les crânes étaient conservés au Musée de l'Homme à Paris. L'historien algérien, Ali-Farid Belkadi a déploré alors que les crânes soient «calfeutrés dans de vulgaires boîtes cartonnées, qui évoquent les emballages de magasins de chaussures». La question mémorielle reste au cœur des relations tendues entre l'Algérie et l'ancienne puissance coloniale.