La commission d'enquête du Parlement européen sur les logiciels malveillants (PEGA) a appelé vendredi le gouvernement grec à procéder à «une enquête urgente et approfondie» sur le scandale des écoutes illégales, une affaire qui empoisonne le climat politique du pays ces derniers mois. «Cette affaire doit faire l'objet d'une enquête d'une manière urgente et approfondie avant les élections nationales de l'année prochaine», a martelé la députée européenne Sophie in't Veld, rapporteuse de ce dossier à la Pega lors d'une conférence de presse. Les révélations cette année de la mise sur écoute par le renseignement grec (EYP) des journalistes et politiciens dont Nikos Androulakis, député européen et chef du parti socialiste grec Kinal-Pasok, ont porté un coup majeur au gouvernement conservateur du premier ministre Kyriakos Mitsotakis à huit mois des élections législatives, prévues d'ici juillet 2023. Une délégation de dix eurodéputés néerlandais, belge, espagnol français, grec, italien, polonais et portugais s'est entretenue ces deux derniers jours à Athènes avec des responsables gouvernementaux, des journalistes et des ONG dans le cadre d'une investigation de la Pega sur ce dossier brûlant. «Beaucoup de nos questions sont restées sans réponse», a indiqué Jeroen Leanaers, président de la Pega au cours de la conférence de presse dans les locaux du Parlement européen à Athènes. Les eurodéputés ont critiqué l'enquête menée jusqu'ici par la majorité gouvernementale qui, lors des travaux d'une récente commission parlementaire constituée sur cette affaire, «avait bloqué le témoignage des personnalités clés», dont les responsables de la société Intellexa qui, selon des médias, avait commercialisé Predator en Grèce. L'enquête des médias d'investigation grecs a révélé que cette société avait «des liens» avec le gouvernement, notamment le conseiller et neveu du premier ministre, limogé début août le même jour que le chef des renseignements. Le gouvernement nie en bloc Le gouvernement grec a nié jusqu'ici «l'utilisation des logiciels illégaux» soulignant que «l'Etat n'a jamais utilisé ce genre de logiciel». Pour sa part, l'opposition de gauche ne cesse d'accuser le gouvernement de «vouloir couvrir ce scandale» surtout après «l'échec», selon elle, de la commission parlementaire en septembre à convoquer «les responsables à l'origine de cette affaire». Développé initialement en Macédoine du Nord, pays frontalier de la Grèce, puis en Israël, Predator pirate les téléphones portables ciblés et peut accéder aux messages même cryptés, aux photos mais aussi d'activer le micro et la caméra à distance.