L'acharnement qui s'attache à Ferhat Mehenni, a encore signalé cette fois son passage, par des actes hostiles à la presse et à la liberté. Pour contrer la haute influence qu'il exerce au sein des sphères antirégime, la junte algérienne veut museler sa voix. «La censure de M. Mehenni est une interdiction qui vient de la direction de CNews, elle-même saisie par le gouvernement». Au lieu de répondre à cela, l'ambassade de France au Maroc a commis une mise au point qui implique le royaume avec une affreuse langue de bois, sans même citer les protagonistes : «[l'ambassade a pris connaissance de déclarations à la presse et de commentaires dans la presse laissant entendre que les autorités françaises seraient intervenues auprès d'une chaîne de télévision française pour qu'elle ne laisse pas s'exprimer l'un des invités d'une émission d'information». Pourtant, le président du mouvement MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie) basé à Paris, Ferhat Mehenni, a dénoncé «une directive d'information» pour l'écarter de l'antenne de CNews avec des mots clairs dans un communiqué au vitriol. «En l'état actuel des choses, c'est bien la chaîne de télévision CNews qui est tenue de dévoiler les véritables motivations de ce revirement. Cela étant, et selon nos informations, le régime algérien n'aurait pas hésité à mettre dans la balance la visite, dans quelques jours, de la première Ministre Elisabeth Borne, voire la remise en cause de contrats et d'accords à venir et quasiment actés entre Paris et Alger», pointe le communiqué. L'ambassade affirme que «la France demeure engagée en faveur de la liberté de la presse et de la liberté d'expression partout dans le monde» sans même citer dans son rectificatif ni M. Mehenni, ni CNews, indiquant son attachement au «pluralisme des médias, au droit d'informer ou d'être informé et la capacité à exprimer des points de vue critiques (qui) sont essentiels au débat démocratique.» Des mots creux qui viennent au secours d'un régime criminel qui considère que toute attaque, même indirecte, même par voie d'allusion contre le principe ou la forme du pouvoir aux manettes depuis 1962, est considérée comme un attentat à la sûreté de l'Etat. Pour rappel, le MAK, déjà illégal en Algérie, avait été accusé par la junte algérienne de projeter des attentats contre les marches du mouvement pro-démocratie du Hirak. une allégation farfelue. Les autorités algériennes l'ont classé comme «organisation terroriste», ainsi qu'un mouvement islamo-conservateur, Rachad, également basé à l'étranger. «De qui se moque-t-on, au juste ? Emmanuel Macron veut utiliser le réseau France Médias Monde comme arme d'influence, au point d'effacer toute limite entre les médias de service public et les médias gouvernementaux. C'est le même Macron qui a obligé le journal Le Monde à retirer de son site une tribune sur sa visite ratée en Algérie signée par le chercheur Paul Max Morin. Et là, on apprend que M. Mehenni a été censuré sur ordre de l'Elysée, tout cela en l'espace d'un mois !», s'indigne une source proche du dossier. Pour rappel, la première ministre française Elisabeth Borne se rendra en Algérie les 9 et 10 octobre pour discuter d'une possible augmentation des livraisons de gaz algérien en direction de la France, en pleine crise énergétique exacerbée par la guerre en Ukraine, au moment où le régime algérien tergiverse pour réactiver plusieurs comités intergouvernementaux dont le CIHN, le comité mixte économique franco-algérien ou encore le comité de dialogue stratégique algéro-français.