Jamais les relations entre le Maroc et l'Algérie si l'on excepte l'ère Boumediene, n'ont atteint le pic de dégradation que l'on connaît aujourd'hui, et ce, curieusement, dans le contexte de «La Nouvelle Algérie», proclamée par le nouveau pouvoir, qui a suppléé Abdelaziz Bouteflika, depuis 2019, affirme le journaliste et écrivain Taieb Dekkar, dans une note de lecture de son nouveau livre intitulé «Algérie: l'instabilité politique éternise la rupture avec le Maroc». Ce livre est une compilation d'articles et de chroniques publiés sur des sites d'information électroniques marocains dont Barlamane.com, depuis le déclenchement du Hirak en Algérie, en Février 2019 jusqu'au mois d'Avril 2022. «Aucun pays au monde, à l'exception de l'Algérie, ne se permet de luxe de se dispenser des services de trente généraux de l'armée, envoyés en tôle, jugés et condamnés, sauf que dans ce pays –autre exception algérienne- certains d'entre eux, malgré tout, ont été libérés, dans des conditions opaques, voire ramenés au pays de leur exil à l'étranger, à bord de l'avion présidentiel, écrit-il. Deux anciens chefs de gouvernement et une vingtaine d'anciens ministres furent également envoyés en tôle et jugés, dans des affaires de détournement de biens publics ou de corruption, dans une opération de ravalement de façade «mains propres », conduite sur injonction de l'armée, ajoute l'auteur, dans ce nouveau livre, publié aux Editions FIKR. Les nouveaux dirigeants algériens, dont le Hirak conteste la légitimité, se distinguent par ailleurs, par rapport à leurs prédécesseurs, par leur hostilité génétique et pandémique contre le Royaume. Jamais, la revue El Djeich, organe de l'armée, qu'il y a lieu de baptiser à juste titre de «Pravda » de l'Algérie, souligne l'auteur, n'avait tenu un langage aussi virulent et peu diplomatique, injurieux et diffamatoire à l'égard du Royaume. Il a fallu attendre l'arrivée du nouveau chef de l'armée, le général Saïd Chengriha, pour opérer ce virage belliqueux dans le discours, alors que la revue fait normalement office d'organe d'information de l'armée algérienne sur ses activités, la formation, la coopération militaire internationale. Chengriha a été commandant de la troisième région militaire (frontière sud ouest avec le Maroc) et avait sous sa coupe les camps de Tindouf du Polisario. Chengriha s'attèle-t-il à transférer le Polisario au cœur du quartier des Tagarins (le site du ministère de la défense à Alger) à Alger ! L'arrivée de Chengriha s'est couplée avec l'élection, discutable, d'Abdelmadjid Tebboune à la présidence algérienne, un homme «habité» par une haine sempiternelle contre le Royaume. Ce duo a conduit l'Algérie à la rupture totale avec le Royaume. En conclusion, l'auteur estime qu'il faut bien avouer que l'expérience de la normalisation avec l'Algérie en 1988, n'a finalement pas été concluante et positive. Il faut attendre que l'Algérie se mette sur les rails de la démocratie pour espérer une véritable normalisation. Cela nécessitera certainement beaucoup de temps, conclut-il. Les manifestations populaires, qui ont mobilisé des millions d'Algériens, pendant presque deux ans, sans interruption, tous les vendredis et tous les mardis, ont été suspendues à cause de la pandémie du Coronavirus, mais aussi en raison de la répression engagée contre les différents activistes et leaders de ce mouvement, dont certains furent emprisonnés, jugés et condamnés. Le Hirak avait obtenu le limogeage du président Bouteflika, unique concession de l'armée algérienne, qui dirige le pays et dont le rôle majeur et prééminent dans le paysage politique du pays s'est, une fois encore, clairement manifesté, de la manière qui ne laisse plus aucun doute, dans la conception et l'organisation de la transition. Aucun pays au monde, à l'exception de l'Algérie, ne se permet de luxe de se dispenser des services de trente généraux de l'armée, envoyés en tôle, jugés et condamnés, sauf que dans ce pays –autre exception algérienne- certains d'entre eux, malgré tout, ont été libérés, dans des conditions opaques, voire ramenés au pays de leur exil à l'étranger, à bord de l'avion présidentiel. Deux anciens chefs de gouvernement et une vingtaine d'anciens ministres furent également envoyés en tôle et jugés, dans des affaires de détournement de biens publics ou de corruption, dans une opération de ravalement de façade «mains propres », conduite sur injonction de l'armée. Les nouveaux dirigeants algériens, dont le Hirak conteste la légitimité, se distinguent par ailleurs, par rapport à leurs prédécesseurs, par leur hostilité génétique et pandémique contre le Royaume. Il faut bien avouer que l'expérience de la normalisation avec l'Algérie en 1988, n'a finalement pas été concluante et positive. Il faut attendre que l'Algérie se mette sur les rails de la démocratie pour espérer une véritable normalisation. Cela nécessitera certainement beaucoup de temps. « Algérie : l'instabilité politique éternise la rupture avec le Maroc ». FIKR.436 p.120 DH. Sur l'auteur : Ancien directeur du bureau de la MAP à Alger de 1989 à 1995, puis de 2002-2006, le journaliste Taieb Dekkar publie son deuxième livre sous le titre «Algérie : l'instabilité politique éternise la rupture avec le Maroc ». L'auteur avait publié un premier livre sous le titre «Maroc-Algérie : La méfiance réciproque », aux Editions l'Harmattan.2014. 276 pages. Il a signé plusieurs articles et chroniques sur des sites d'information électroniques marocains dont Quid.ma, depuis le déclenchement du Hirak en Algérie, en Février 2019, jusqu'au mois d'avril 2022. Ce livre publié aux Editions FIKR Rabat, 436 pages, est une compilation de ces articles et chroniques, qui reviennent sur les objectifs du Hirak, ses retombées politiques en Algérie où le pouvoir, contrôlé par l'armée depuis 1962, se régénère et résiste au changement réclamé par le peuple, qui a payé un long tribut, d'abord pour l'indépendance, ensuite pour la démocratie, la liberté et la justice. Ces articles se rapportent également à l'évolution des relations entre le Maroc et l'Algérie, rétablies en 1988, à la veille du sommet arabe extraordinaire d'Alger.