Lors d'une visite éclair en Algérie, depuis le Maroc, l'ancien Secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, rentra à Rabat, pour passer une deuxième nuit au Maroc. Il fut interpellé par la presse algérienne, à l'occasion d'une conférence de presse, qui clôturait son bref séjour dans la capitale algérienne, sur les raisons qui font qu'il ne passe pas la nuit à Alger. L'ancien Secrétaire d'Etat américain avait poliment répondu : « je préfère passer la deuxième nuit sur le même lit». Je rapporte ces faits pour souligner combien les autorités algériennes sont très susceptibles et pointilleuses, lorsqu'il s'agit de visites de responsables étrangers au Maroc et en Algérie, en ce sens que derniers doivent, dans l'esprit d'Alger, réserver le même temps aux deux capitales et les mêmes égards. Aussi, le long séjour d'Antony Blinken au Maroc (deux nuits) contre quelque six heures, tout au plus, pour Alger, a du mettre en colère les dirigeants algériens, y compris son «homologue » Ramtane Lamamra, qui n'aurait pas jugé utile de faire le déplacement à l'aéroport pour accueillir le Secrétaire d'Etat américain. Etait-ce en raison des multiples déclarations d'Antony Blinken en faveur de l'autonomie, comme option privilégiée pour le règlement de la question du Sahara ! → Lire aussi : Algérie-USA: Tebboune assomme Antony Blinken d'un monologue sans objet Il avait été accueilli par des responsables du ministère algérien des affaires étrangères et les membres de l'ambassade américaine. Sur les entretiens de Blinken avec son homologue algérien qui auraient précédé la rencontre avec le président Abdelmajid Tebboune, le ministère algérien des affaires étrangères en avait rendu compte, à travers un simple tweet. Etait-ce pour laisser la primauté au président, pour «assommer» Antony Blinken d'un monologue d'une vingtaine de minutes, dont il ne s'attendait pas à en lire la transcription intégrale en anglais, puis la diffusion intégrale en français. Un monologue qui dénote le peu de tact et de diplomatie à l'égard de l'ensemble des pays voisins, dont le gros lot avait été réservé au Royaume du Maroc, bien que nous soyons en situation de rupture totale. Le monologue, qui au bout du compte, n'a mérité qu'environ trois minutes en guise de réponse du ministre américain, comportait un ensemble de graves contre-vérités sur le Maroc, présenté comme un pays expansionniste. Le plus gros mensonge «présidentiel» est que nous ayons déclaré la guerre à l'Algérie (1963), alors que notre voisin venait de recouvrer son indépendance. Pas vrai. Les dirigeants algériens, pour mater la rébellion en Kabylie qui contestait le pouvoir central, imposé par la force à Alger, ont envoyé leurs troupes pour attaquer le Royaume du Maroc, pour remobiliser le peuple algérien contre «l'ennemi extérieur». Comme aujourd'hui, pour apaiser les ardeurs du Hirak et du peuple algérien, soumis au rationnement des produits de première nécessité, Chengriha et Tebboune invoquent l'ennemi extérieur, les feux de forêts, la Banque mondiale, le trafic de drogue, l'UNICEF etc... L'armée algérienne avait ainsi attaqué Hassi Beida et Tinjoub et tué plusieurs gardes frontières marocains déployés dans ces territoires, qui ne faisaient l'objet d'aucun désaccord frontalier. Le défunt Souverain marocain avait dépêché deux délégations auprès du président Ben Bella, pour éviter toute confrontation entre les deux pays, alors que Feu SM le Roi Hassan II venait de rentrer d'un voyage officiel à Alger. En dépit d'un communiqué commun, publié par les ministres des affairés étrangères Ahmed Reda Guedira et Abdelaziz Bouteflika, réunis en urgence à Oujda, l'armée algérienne bombarda Tendrara, dans le sud d'Oujda. Ben Bella ne montra aucune peine à la mort de gardes frontières marocains, ni disposition de conciliation, telle qu'affichée par le Royaume. C'est bien l'Algérie qui a provoqué la guerre de 1963 et elle en assume l'entière responsabilité. Ce récit est celui de Abdelhadi Boutaleb, qui a été envoyé par deux fois par le défunt Souverain comme émissaire auprès de Ben Bella, après les agressions d'Alger. Autre thème invoqué dans ce monologue est la capacité théorique (sur le papier) d'Alger d'exporter du blé vers le Maroc et l'Afrique (c'est techniquement possible, estime-t-on), alors que notre voisin de l'est importe tout de l'étranger, y compris le lait en poudre. L'Algérie aurait coulé depuis longtemps et la famine l'aurait rongée, si Dieu ne l'avait pas doté des hydrocarbures. C'est cela la vérité toute plate. «L'Algérie nouvelle» va se reconvertir en puissance agricole, bien évidemment après la faillite industrielle et économique. (*) Journaliste et écrivain