L'inflation devrait continuer d'accélérer pour atteindre 6,8% sur un an en septembre en France, puis rester sur ce rythme durant les derniers mois de l'année, a estimé vendredi l'Insee, une flambée qui va peser sur l'économie, avec une croissance attendue à 2,3% en 2022. Au total sur l'année, l'inflation atteindrait en moyenne 5,5%, du jamais-vu depuis 1985, ce qui amputerait le pouvoir d'achat des ménages de 1% en dépit des mesures de soutien public en place ou annoncées, soit sa plus forte contraction depuis 2013, marquée alors par la politique d'austérité post-crise financière. Comme la Banque de France – qui a publié mardi la même prévision de croissance et sensiblement la même prévision d'inflation (5,6%) sur l'année -, l'Insee estime qu'après un net bond en juin à 5,9% du fait de la hausse des prix du pétrole, de l'alimentation et des services, l'inflation serait ensuite plutôt soutenue par les augmentations de prix hors énergie « en répercussion des hausses passées des coûts de production », c'est-à-dire les prix des matières premières et les augmentations de salaires. Face à cette situation que beaucoup de Français n'ont jamais connue, la confiance des ménages parait « particulièrement affaiblie », a souligné lors d'une conférence de presse Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l'Insee. Et ce n'est pas la revalorisation automatique du Smic attendue en août ou septembre selon lui, du fait de l'inflation, qui sera de nature à les rassurer. Ils devraient ainsi accroître leur épargne, qui a déjà atteint un niveau record durant la crise sanitaire, et rester prudents dans leurs dépenses, avec une consommation attendue en hausse modérée (+2,3%), après un recul de 1,5% au premier trimestre. Ces prévisions intègrent les mesures de soutien du pouvoir d'achat prises ou annoncées (revalorisations des retraites, minimas sociaux et du traitement des fonctionnaires, bouclier tarifaire sur l'énergie, prime de pouvoir d'achat, suppression de la redevance, etc.), qui « contribueraient à rehausser le revenu disponible brut des ménages d'environ 1 point de pourcentage en 2022 », sans totalement annuler l'impact de l'inflation, selon l'Insee. Du côté des entreprises, tandis que l'industrie et le bâtiment continueront de lutter contre la hausse de leurs coûts et les difficultés d'approvisionnement engendrées par la guerre en Ukraine, les services « porteraient l'essentiel de la croissance au deuxième semestre ». L'économie pourrait toutefois compter sur un petit rebond des exportations, mais à condition que l'épidémie de Covid-19 en Chine ne vienne pas de nouveau freiner le commerce mondial. Dans ce contexte, l'emploi résisterait encore cette année, avec 260.000 créations d'emplois attendues et un taux de chômage qui baisserait à 7% à la fin 2022.