La question du pouvoir d'achat s'est hissée au cœur des programmes électoraux des candidats des principales formations politiques en lice pour les élections législatives du 12 juin en France, dans le sillage de la flambée des prix des hydrocarbures et de certaines denrées alimentaires. La hausse des prix est également le premier sujet sur lequel le gouvernement d'Elisabeth Borne, installé au lendemain de l'élection d'Emmanuel Macron pour un second mandat le 24 avril dernier, a décidé de légiférer si la majorité présidentielle remporte le scrutin. Les Français, qui après deux ans de restrictions imposées pour lutter contre la pandémie du Covid-19 ont à peine commencé à retrouver un certain air de normalité, ont vu leur pouvoir d'achat s'éroder au fil des semaines, dans une conjoncture internationale exceptionnelle marquée par une forte demande sur de nombreux produits nécessaires à la relance économique internationale, tout particulièrement les énergies. Et comme un mal n'arrive jamais seul, le déclenchement du conflit russo-ukrainien le 24 février dernier, est venu assombrir davantage les perspectives, ternissant fortement les prévisions de croissance et provoquant une flambée des prix des hydrocarbures, une raréfaction des céréales, la Russie et l'Ukraine figurant parmi les principaux producteurs mondiaux de ces denrées, et une hausse de l'inflation. Dans un tel contexte, l'institut français de la statistique et des études économiques anticipe une inflation de 5,4% en juin, après 5% en mai et 4,8% sur un an en avril, tirée par les prix de l'énergie ainsi que les prix alimentaires et des services. Face à cette inflation galopante, qui demeure le principal sujet de préoccupation des Français, et que l'Exécutif érige à la tête de ses priorités, les différentes formations politiques en lice pour le scrutin du 12 juin ont fait de cette question leur cheval de bataille et le coeur de leurs programmes électoraux, afin de gagner la sympathie des électeurs, tout particulièrement les indécis. Si le gouvernement, qui espère obtenir une large majorité à l'Assemblée nationale afin de poursuivre les chantiers lancés lors du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, travaille déjà sur un paquet législatif « pouvoir d'achat », avec des mesures destinées à « aider tous les Français et réduire leurs dépenses contraintes », et portant sur les prix de l'énergie, et notamment des carburants, ainsi que de l'alimentaire, d'autres leviers déjà mis en place pourraient être prolongés. Il est question notamment du bouclier tarifaire sur les prix du gaz et de l'électricité. Pour sa part, la coalition de gauche réunie sous la bannière de la « Nouvelle Union populaire écologique et sociale » (NUPES) composée de la France Insoumise, du Parti socialiste, du Parti communiste français et Europe Ecologie-Les Verts (EELV) souhaite instaurer un SMIC mensuel à 1.500 euros net et l'organisation d' »une conférence sociale générale sur les salaires » afin d'évoquer les augmentations des salaires au-delà du SMIC, ou les écarts de traitements dans les entreprises. La coalition de gauche souhaite, par ailleurs, dégeler le point d'indice des fonctionnaires, et porter à minima au niveau du SMIC toutes les pensions pour une carrière complète, et le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté, soit 1.063 euros pour une personne seule. Chez le parti d'extrême droite, le Rassemblement national (RN), dirigé par Marine Le Pen, qui s'est inclinée pour la deuxième fois consécutive au second tour de la présidentielle face à Emmanuel Macron, la question du pouvoir d'achat constitue une « urgence absolue » à traiter de manière prioritaire. Le parti propose ainsi une baisse de la TVA de 20% à 5,5% sur les produits énergétiques (carburants, fioul, gaz et électricité), considérés comme des biens de première nécessité. Le RN souhaite aussi encourager les entreprises à augmenter les salaires de 10% jusqu'à trois SMIC, en exonérant cette augmentation de cotisations patronales, outre des mesures pour les retraités, avec la réindexation des retraites sur l'inflation et la revalorisation du minimum vieillesse à 1.000 euros par mois. Pour sa part, le parti de la droite républicaine propose la baisse des taxes sur les carburants, la défiscalisation en baissant la contribution sociale généralisée pour augmenter les revenus, et l'annulation de la hausse de ce même impôt pour les retraites, qui seraient revalorisées en fonction de l'inflation. Les Républicains proposent également de défiscaliser intégralement les heures supplémentaires, mais aussi la conversion des RTT (Réduction du temps de travail) en salaire et l'universalité des allocations familiales, dès le premier enfant.