La flambée des prix des carburants au Maroc et l'inflation grandissante a ravivé une polémique sur la capacité du gouvernement à gérer les tensions sociales. La hausse brutale des prix des denrées alimentaires et des carburants (14 dirhams le litre de gazole à la pompe, un record face à un salaire minimum mensuel à peine supérieur à 2 600 dirhams), a poussé l'Union marocaine du travail (UMT, l'une des trois centrales syndicales les plus représentatives) à se réunir. Le syndicat historique a jugé «déficiente» l'offre du gouvernement formulée en réponse au dossier revendicatif du 24 février. L'UMT a dénoncé le «conditionnement» de certaines réformes comme la majoration de la deuxième tranche du smic et le minimum vieillesse à des «déterminants légaux et structuraux» qui n'y sont pas liés, décrivant cette offre comme un «chantage téléguidé». Sous pression, son gouvernement a débloqué une enveloppe en faveur des transporteurs routiers afin d'apaiser leur colère. L'UMT demande une augmentation du smic et, plus généralement, de tous les salaires, allocations et pensions de retraite, dans un contexte de forte inflation. L'UMT s'est vivement indignée de la proposition du gouvernement d'augmenter de 30 % les crédits consacrés au financement des centrales syndicales, «une proposition qui n'a jamais été évoquée et qu'on appelle le gouvernement à retirer», a écrit l'UMT. L'UMT s'est dite «offusquée» de l'inaction du gouvernement qui n'a annoncé aucune mesure afin de soutenir le secteur public et le privé, ainsi que les institutions nationales. Les prix à la consommation (+ 3,3 % pour janvier et février 2022 sur un an) vont continuer à augmenter à «des niveaux supérieurs à la moyenne de la dernière décennie», a averti le Haut Commissariat au plan (HCP). Conséquence : le moral des ménages marocains enregistre depuis le début de l'année «son niveau le plus bas depuis 2008», selon le HCP. L'UMT évoque «les effets destructeurs des augmentations des prix sur le pouvoir d'achat». Le taux de chômage est passé de 10 % à 12 % et l'insécurité alimentaire touche près du quart de la population, selon le rapport 2021 de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Les négociations sur l'amélioration de la réponse du gouvernement à l'égard de la situation sociale sont plus que jamais à inscrire dans le calendrier du CDT, conclut le syndicat.