Les deux finalistes du second tour de l'élection présidentielle française, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, ont confronté leur vision mercredi soir sur des thèmes divers comme le pouvoir d'achat, l'environnement, la politique étrangère ou encore la sécurité lors du traditionnel débat télévisé d'entre-deux-tours. Ils ont eu de longs échanges, parfois vifs, notamment sur le pouvoir d'achat, au centre des préoccupations des ménages. La candidate du Rassemblement national (RN) a plaidé sur ce sujet en faveur de la baisse des « dépenses contraintes et la fiscalité de manière pérenne ». Il s'agit notamment de la baisse du taux de TVA de 20 à 5,5% sur l'électricité, le gaz, les carburants et le fioul, la baisse de la fiscalité en restituant la demi-part fiscale aux veufs et aux veuves ou encore la suppression de l'impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans. Le président sortant, Emmanuel Macron, a rappelé ses réalisations qui ont permis d'augmenter le pouvoir d'achat des « classes moyennes et populaires », notamment à travers le bouclier tarifaire mis en place par son gouvernement sur les prix du gaz et de l'électricité en réponse à l'inflation. Il a critiqué dans la foulée la décision de sa rivale de vouloir sortir du marché européen de l'énergie, qu'il a qualifié « d'immense erreur ». « Il y a des moments où nous importons de l'énergie, que nous ne produisons pas sur le sol français et, comme nous sommes interconnectés, nous avons besoin du marché européen », a-t-il expliqué. La baisse de la TVA proposée par Mme Le Pen n'est pas efficace aux yeux de M. Macron car « ce sont les contribuables qui (la) payent ». Sur le modèle social, en particulier l'âge de départ à la retraite, les deux candidats restent opposés. Marine Le Pen propose un départ entre 60 et 62 ans « pour avoir une retraite pleine, soit 40 et 42 annuités », qualifiant la retraite à 65 ans de M. Macron « d'injustice absolument insupportable ». Ce dernier défend le recul de l'âge légal de départ à 65 ans par une nécessité de « rééquilibrer les finances des retraites » et a promis de faire passer dès cet été la retraite minimum de 980 euros à 1.100 euros par mois. Il a reproché à sa rivale de ne pas prendre en compte les critères de pénibilité. Les visions des deux candidats divergent aussi sur la sécurité. Pour Marine Le Pen, l'immigration « anarchique et massive » est à l'origine de « l'aggravation de l'insécurité » en France. « On est cerné par l'insécurité, c'est une vraie barbarie », a-t-elle déclaré tout en proposant comme solution que l'on renvoie « chez eux non seulement les clandestins, mais également les délinquants et les criminels ». Emmanuel Macron ne lie pas l'insécurité à l'immigration et s'est félicité du bilan de son quinquennat qui, dit-il, a fait baisser l'insécurité, notamment en raison de la création de « 10.000 postes de policiers et de gendarmes », des moyens mis à la disposition de la justice dans le cadre de la lutte antiterroriste, mais également l'augmentation des moyens dans le cadre de la lutte contre les féminicides. Le candidat de la République en marche veut se consacrer, s'il est réélu, à la lutte contre les cyberattaques en créant « 15.000 postes de cybercontrôleurs », ainsi que « 8.500 personnels de justice » supplémentaires. Les deux candidats ont également été interrogés sur le thème de l'environnement, un sujet au cœur des préoccupations en France et dans le monde. Le président sortant a rappelé les réalisations de son gouvernement dans ce domaine et exprimé son souhait, s'il est réélu, de poursuivre la rénovation thermique des bâtiments et de mettre en œuvre sa nouvelle mesure dédiée à l'acquisition d'un véhicule électrique, ciblée sur les ménages « modestes ». Emmanuel Macron avait annoncé avant ce débat la nomination d'un Premier ministre chargé de la planification écologique, ainsi que de deux ministres en charge de la planification énergétique et de la planification territoriale. Et de qualifier au passage sa rivale de « climatosceptique ». Celle-ci l'a accusé en retour d'être « climato-hypocrite ». Au niveau européen, il a affirmé son ancrage dans l'UE et rappelé à cet effet l'importance de la « solidarité financière par la mutualisation des dettes futures », dans le cadre de la crise sanitaire. « Je suis convaincu, en effet, que notre souveraineté est nationale et européenne et que les deux se complètent, et que c'est par l'Europe qu'on sera plus indépendant », a-t-il assuré. Pour Marine Le Pen, il n'y a « pas de souveraineté européenne, car il n'y a pas de peuple européen », accusant dans la foulée M. Macron de vouloir « remplacer » la souveraineté de la France par la souveraineté de l'UE. La candidate du RN affirme vouloir rester dans l'UE, mais « souhaite profondément la modifier pour faire émerger une alliance européenne des nations ». Selon un sondage de l'institut Elabe réalisé pour BFMTV, l'Express et SFR, 59% des téléspectateurs ont trouvé Emmanuel Macron plus convaincant lors de ce débat, contre 39% pour Marine Le Pen. Et 53% des téléspectateurs estiment que M. Macron a les qualités nécessaires pour être président contre 28% pour Mme Le Pen.