Election présidentielle française Après les institutions mardi, place à la politique étrangère: Marine Le Pen aborde mercredi un terrain délicat face à Emmanuel Macron, avec l'objectif d'asseoir sa stature présidentielle, cependant que les passes d'armes entre les candidats se multiplient. Dès l'aube, les deux adversaires ont poursuivi leurs échanges acerbes. En visite dans une entreprise de construction à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), la candidate du RN a jugé que le gouvernement et Emmanuel Macron étaient dans le « déni » face au « mur de l'inflation » auquel la France allait être confrontée. Interrogé plus tôt sur France 2 sur les mesures à prendre face à l'inflation, Emmanuel Macron lui avait déjà répondu que « ce que nous avons décidé avec le gouvernement sur l'électricité, le gaz et l'essence est plus efficace qu'une baisse de TVA », comme proposé par Mme Le Pen. La candidate a aussi dénoncé la « fébrilité » de son adversaire, qui critique chez elle une « dérive autoritaire » à l'égard de la presse et des institutions. Quand Mme Le Pen « dit +vous êtes journaliste, mais monsieur ne l'est pas parce qu'il dit des choses qui ne me plaisent pas+, on a le début d'une dérive autoritaire », a affirmé sur France 2 le président candidat, en notant que son opposante avait aussi proposé de « changer la Constitution à sa main ». Interrogée sur ces propos, la prétendante d'extrême droite s'est demandée ironiquement s'il s'agissait du « même président de la République qui a supprimé la salle de presse à l'Elysée » et « qui a créé un scandale au sein des rédactions parce qu'il voulait dans chaque rédaction choisir les journalistes qui le suivaient ». Selon elle, « tout ça démontre une forme de fébrilité de la part du président ». Marine Le Pen est sur la défensive sur un autre front, cette fois avec la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale (CNCCEP), qui, selon France Inter, lui a demandé des clarifications sur sa profession de foi pour le second tour. Dans le collimateur du « gendarme » de la campagne, des chiffres mis en avant pour illustrer le bilan d'Emmanuel Macron sur l'insécurité et l'immigration. « Je ne vois vraiment pas ce qui pourrait pousser le juge de l'élection à interdire ma profession de foi, ce qui reviendrait à adresser aux Français uniquement la profession de foi du président sortant », a répliqué Marine Le Pen. « Attention à ce type de manoeuvre (…) attention à respecter la démocratie », a-t-elle averti. En vue du 24 avril, les deux finalistes lorgnent les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, arrivé en troisième position dimanche soir avec 21,95% des voix. Abstention, vote blanc ou vote Emmanuel Macron? Jean-Luc Mélenchon a lancé mercredi la consultation de ses quelque 310.000 soutiens, l'ex-candidat ayant déjà appelé à ne pas « donner une seule voix à Le Pen ». La consultation, dont le résultat sera public, s'achève samedi à 20H00. Les deux finalistes « ne sont pas équivalents. Marine Le Pen ajoute au projet de maltraitance sociale qu'elle partage avec Emmanuel Macron un ferment dangereux d'exclusion ethnique et religieuse », a précisé le candidat LFI dans un message aux votants. Mercredi, le chef de l'Etat retrouve son rôle de président avec un Conseil des ministres, puis il participera au 20H00 de TF1 au lendemain de sa rivale. Après son déplacement matinal à Gennevilliers, Mme Le Pen enchaînera dans l'après-midi avec une conférence de presse à Paris sur le thème de la diplomatie et de la politique étrangère. Pour la candidate RN, qui peut se prévaloir d'avoir fait une longue campagne de proximité depuis l'automne, l'objectif est à présent d'élargir sa base et d'apparaître présidentiable. Sur la politique étrangère, tout oppose le président sortant et sa rivale. Ni atlantiste ni multilatérale, Marine Le Pen axe toute sa diplomatie sur l'idée que la France ne serait plus « respectée » dans le monde. Elle voit dans l'Europe un frein et souhaite, par exemple, renégocier les accords de Schengen afin de réinstaurer les contrôles aux frontières ou baisser la contribution financière de la France à l'UE. Emmanuel Macron a, au contraire, fait de l'Europe le pilier central de sa diplomatie depuis cinq ans, comme il l'a encore dit mardi soir à Strasbourg en soulignant que cette élection est aussi « un référendum sur l'Europe ». Le nationalisme mène à « une alliance de nations qui veulent se faire la guerre » en Europe, estime-t-il. Le conflit en Ukraine devrait figurer en bonne place de la conférence de presse de Mme Le Pen, elle qui tente de faire oublier sa proximité avec la Russie et Vladimir Poutine. La candidate n'en a pas moins condamné l'invasion russe et s'est dite très tôt favorable à l'accueil en France de réfugiés de ce pays. Elle reste hostile en revanche aux sanctions économiques contre Moscou altérant le pouvoir d'achat des Français.