Presque 17,8 dirhams le litre d'essence, plus de 15,5 dirhams celui du gasoil. Aziz Akhannouch dont ses deux couvre-chefs de dirigeant politique et d'actionnaire principal d'Afriquia agacent, n'est leader sur le marché local des hydrocarbures que grâce aux bons offices mal calculés du PJD. En 2013, la mise en place d'un mécanisme d'indexation des prix du pétrole sur sur les cours internationaux a coûté aux fonds publics plus de 500 millions dirhams. Cette mesure, décidée par le Parti de la justice et du développement (PJD, opposition) et qui a largement profité à son ultime némésis, Aziz Akhannouch, a été subtilement retranchée du rapport parlementaire sur les carburants présenté par le PJD au Parlement en 2018. Depuis, les importateurs de carburants ont considérablement augmenté leurs marges, et les soupçons d'entente sur les prix ne font que prendre de l'ampleur. La flambée des prix des carburants au Maroc a mis en évidence les problématiques conflits d'intérêts entre milieux des affaires et scène politique, alors que les accusations contre Aziz Akhannouch, fleurissent. Le gouvernement a écarté d'un revers de la main toute réduction de la fiscalité sur les produits pétroliers, comme il a refusé de resubventionner les carburants, une mesure supprimée en 2015. Pour le gouvernement, cette flambée des prix est causée par la conjoncture mondiale, mais les bénéfices jugés excessifs des sociétés pétrolières depuis la libéralisation du secteur des hydrocarbures en 2015 choquent le pays. Au Maroc, personne ne comprend pourquoi le gouvernement s'obstine à ne pas redémarrer la seule raffinerie de pétrole du royaume, la Samir, placée en liquidation judiciaire en 2016 pour cause de gestion critiquable. Sa remise en marche «fera baisser les prix de plus d'un dirham le litre», selon les observateurs, au moment où l'on parle de la précarité énergétique, puisque des ménages à faible revenu se disent ne plus être en mesure de se procurer de manière adéquate les services énergétiques de base pour leur transport à un coût abordable. Aziz Akhannouch a eu beaucoup de peine à s'expliquer sur la hausse brutale des prix des denrées alimentaires et des carburants (15,5 dirhams le litre de gazole à la pompe, un record face à un salaire minimum mensuel à peine supérieur à 2 800 euros). Et son agacement face à la demande de plafonnement des marges des distributeurs pétroliers a été palpable. Pour lui; les profits «énormes» des opérateurs pétroliers sont «quasiment les mêmes depuis 1997», une explication qui a provoqué une levée de boucliers. Les prix à la consommation (+ 3,3 % pour janvier et février 2022 sur un an) vont continuer de grimper à «des niveaux supérieurs à la moyenne de la dernière décennie», a averti le Haut Commissariat au plan (HCP). Depuis la libéralisation, les profits des distributeurs ont atteint «plus de 45 milliards de dirhams jusqu'en 2021», a déclaré récemment Hussein El Yamani, délégué de la Confédération démocratique du travail (CDT).