Après un silence de deux ans et demi, le gouvernement prépare une loi devant réguler les bénéfices des distributeurs des carburants. Une annonce faite ce mardi par le ministre de l'Energie et des Mines. La campagne du boycott de produits de trois marques, dont Afriquia appartenant à Aziz Akhannnouch, a contraint le gouvernement à sortir de son silence. Après les déclarations rassurantes de Saâd-Eddine El Othmani, lors de sa brève allocution sur la flambée des prix des carburants, le 16 mai devant ses ministres, c'est autour du ministre de l'Energie et des Mines de prendre la relève. Ce mardi à la Chambre des conseillers, Aziz Rebbah a reconnu du bout des lèvres des "dysfonctionnements" dans la politique de libéralisation précipitée de l'essence et du diesel, menée par le cabinet Benkirane et entrée en vigueur depuis le 1er décembre 2015. Défendant la décision du précédent gouvernement, dans lequel il occupait le maroquin des Transports et de l'Equipement, Rebbah a estimé que «les grandes réformes lancées par les Etats ne se concluent pas toujours par 100% de réussite». Réguler les bénéfices des sociétés de distribution Fidèle à une ligne offensive marquant ses interventions -depuis qu'il est ministre- devant les députés et conseillers, le PJDiste a clamé haut et fort que son gouvernement est «disposé à présenter en détail les avantages et les inconvénients de la réforme» des hydrocarbures. Et d'enchainer en annoncant que le ministère des Affaires générales du gouvernement est entrain de préparer une loi devant réguler les bénéfices des sociétés de distribution des produits pétroliers opérant au Maroc. Les marges ayant atteint des records depuis la fin de la compensation des carburants (7 milliards de dirhams en 2017) alors que les cours du baril du pétrole sur les marchés mondiaux ont enregistré des baisses significatives. Mais Aziz Rebbah n'a pas fixé de date pour l'adoption de la loi en conseil de gouvernement. Pour rappel, le cabinet Benkirane n'a ni mis en place de garde-fou contre l'abus de position dominante ni prévu d'anticiper un retournement de conjoncture avec une hausse des prix de l'or noir à laquelle on assiste en 2018. Trente mois après cette décision, El Othmani doit donc gérer ses conséquences économiques et sociales. Saura-t-il faire face au puissant lobby des distributeurs d'hydrocarbures ? Une occasion se présente à lui de redorer son image auprès de l'opinion publique, y compris au sein de son parti.