Le chef du Front Polisario Brahim Ghali a affirmé les relations officielles «sont rompues». Avant d'ajouter sur un ton menaçant que Madrid a «des factures en attente qu'un jour elle devra payer». Brahim Ghali, mis en accusation pour «arrestation illégale, tortures et crimes contre l'humanité», mais aussi pour «génocide», «assassinat», «terrorisme», et «disparitions», commis dans les camps de Tindouf, a affirmé, dans un entretien avec un média espagnol, que les relations officielles avec l'Espagne «sont rompues», avant d'ajouter sur un ton menaçant que Madrid a «des factures en attente qu'un jour elle devra payer». Cette sortie d'humeur intervient après la décision de Madrid d'afficher son soutien au plan d'autonomie marocain pour le Sahara. L'Espagne «reconnaît l'importance de la question du Sahara pour le Maroc ainsi que les efforts sérieux et crédibles du Maroc dans le cadre des Nations unies pour trouver une solution mutuellement acceptable», relève la déclaration conjointe dévoilée par les deux pays en mars. Ghali a dépeint la nouvelle position espagnole comme «une trahison pure et simple» reconnaissant ignorer «les «véritables raisons de ce changement». «L'Espagne considère l'initiative marocaine d'autonomie, présentée en 2007, comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend», réaffirme le document qui a scellé la réconciliation entre le Maroc et l'Espagne. Ghali a avancé que l'Espagne «a une responsabilité morale, historique et juridique envers le peuple sahraoui», déroulant au passage le même argumentaire algérien. Le chef de la diplomatie espagnole avait dénoncé fin avril «des polémiques stériles» avec l'Algérie après la condamnation par le président Abdelmadjid Tebboune du ralliement espagnol en faveur du plan marocain d'autonomie pour le Sahara. «L'Espagne a pris une décision souveraine dans le cadre du droit international et il n'y a rien d'autre à ajouter», a déclaré José Manuel Albares sur la radio Onda Cero. Concernant son séjour controversé à l'hôpital de Logroño où il est resté admis après avoir été touché par le coronavirus, Ghali a refusé entrer dans les détails. Une affaire qui a, comble d'ironie, poussé Madrid à revoir ses postures ambivalentes à l'égard du Maroc. C'est, surtout, Brahim Ghali qui doit reparaître devant la justice espagnole dans le cadre de deux plaintes le visant pour «tortures» et «génocide». La décision du juge, avant un an, de ne pas prendre de mesure coercitive à son encontre a ouvert la voie à sa fuite vers l'Algérie.