Au centre de plusieurs semaines de crise entre Madrid et Rabat, le chef du Front Polisario est revenu mercredi en Algérie après avoir quitté dans la nuit l'Espagne, presque en catimini, où il avait été hospitalisé en avril en secret. Déclaré positif au coronavirus, il est actuellement admis dans un hôpital militaire dans la capitale Alger. Le chef du Polisario, admis à l'hôpital central de l'armée Mohamed Seghir Nekkache dans la capitale algérienne, a reçu aujourd'hui la visite du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et celle du chef d'état-major de l'armée Saïd Chengriha, ce mercredi 2 juin. Les événements qui ont accompagné l'affaire Brahim Ghali ont dû dessiller les yeux de quiconque a conservé du doute sur le cynisme de l'Algérie et la duplicité de l'Espagne. La présence en Algérie de Brahim Ghali aux crochets de ses protecteurs confirme la mauvaise volonté du régime de Tebboune et de ses délégués de viser le Maroc. Il s'avère désormais que des intrigues de cour ont créé cette affaire, encouragées sous-main par des considérations de basse politique. Madrid en était réduite à de dures extrémités, tandis qu'Alger surveillait la situation de loin. Brahim Ghali a été entendu mardi en visioconférence de l'hôpital de Logroño par un juge du haut tribunal madrilène de l'Audience nationale, confronté à deux plaintes en Espagne. Ce ne fut pas un procès, mais un mélange de la justice régulière et de la justice sommaire, un juge qui examinait des formalités inutiles afin de presser un vain simulacre de procès, lorsque l'accusé ne gardait nul doute de son impunité. Les preuves manquaient pour établir la culpabilité de Brahim Ghali, il fut mis hors de cause et autorisé à partir. Madrid et Alger se sont trouvés renfermés par la force des choses comme dans un cercle de fer ; les formes et les apparences de la légalité ne sont plus là pour faire illusion aux esprits et jeter le trouble dans l'opinion publique. La compromission du régime algérien dans l'affaire Ghali se révèle par des signes non équivoques. Le gouvernement de Tebboune, sans prévoyance et sans force n'est plus occupé qu'à gérer les événements qu'il est hors d'état de prévenir. Comment en serait-il autrement ? Le chef du Front Polisario, dont la présence en Espagne a provoqué une crise majeure entre Madrid et Rabat, a quitté l'Espagne dans la nuit à destination de l'Algérie. Le ministère des affaires étrangères avait annoncé mardi soir que Brahim Ghali allait quitter le pays depuis l'aéroport de Pampelune, dans le nord, sans préciser la destination de l'appareil. On le sait désormais : le jet est atterri à Alger, la capitale. L'exfiltration de Brahim Ghali est intervenue après la décision d'un juge espagnol – qui l'a entendu mardi dans le cadre de deux plaintes le visant pour «tortures» et «génocide»– de ne prendre aucune mesure coercitive à son encontre, alors que les plaignants réclamaient la confiscation de son passeport et sa détention provisoire. Le ministère des affaires étrangères espagnol a précisé avoir prévenu les autorités marocaines de la sortie de Brahim Ghali du pays, lequel «avait les papiers à son nom avec lesquels il est entré en Espagne». Plus tôt dans la journée du 1er juin, Enaire, l'aviation civile espagnole, avait souligné qu'un avion «civil» appartenant à l'«Etat» algérien, provenant d'Alger et avec Logroño (nord) pour destination, était entré dans l'espace aérien espagnol et avait fait demi-tour sur «ordre des contrôleurs aériens militaires». Selon le média en ligne El Confidencial, il comptait récupérer le chef du Polidario pour le ramener en Algérie. Brahim Ghali, pour rappel, était arrivé le 18 avril en Espagne dans le plus grand secret, à bord d'un avion médicalisé de la présidence algérienne et muni de faux papiers. Il avait ensuite été admis dans un état critique à l'hôpital de Logroño sous un faux nom, Mohamed Benbattouche. Toutes les prétentions d'Alger sur une supposée neutralité dans le dossier du Sahara s'en sont allés en fumée.