La coopération judiciaire et sécuritaire entre Rabat et Madrid demeure au point mort, et ce, depuis la crise provoquée par l'hospitalisation du leader du Polisario à Logroño, laquelle a déclenché une crise diplomatique majeure entre les deux alliés. Le chef du Front Polisario, dont la présence en Espagne a provoqué une crise majeure entre Madrid et Rabat, a quitté l'Espagne le 2 juin à destination de l'Algérie. Le Maroc, à la suite de cet événement, a suspendu toute coopération sécuritaire avec l'Espagne et la coopération en matière de lutte contre le terrorisme n'est plus qu'entretenue, a minima. Quelques jours avant le lancement du championnat d'Europe de football, la police espagnole a demandé au Maroc d'interrompre cette coupure de collaboration «en raison du caractère exceptionnel de la conjoncture actuelle et des événements prévus». Le Maroc avait suspendu la coopération sécuritaire avec l'Espagne à la suite d'une crise bilatérale inédite provoquée par l'affaire Ghali, suivie d'une série d'incidents et d'impairs diplomatiques. «Les autorités espagnoles ont réclamé de reprendre l'échange d'informations et de renseignements, mais la prédisposition du Maroc à accéder à cette demande est, a priori, faible, compte tenu de l'escalade diplomatique de la tension provoquée par la décision du gouvernement Pedro Sánchez d'hospitaliser le leader du Front Polisario, Brahim Ghali, en Espagne» pointe le journal Okdiario. Le départ précipité de Brahim Ghali, intervenu après la décision d'un juge espagnol – qui l'a entendu dans le cadre de deux plaintes le visant pour « tortures » et «génocide»– de ne prendre aucune mesure coercitive à son encontre, alors que les plaignants réclamaient la confiscation du passeport de M. Ghali et sa détention provisoire, aurait fortement déplu à Rabat. «Au-delà des relations tendues entre les deux pays voisins, la crise entre l'Espagne et le Maroc a déjà mis les services de renseignement des deux pays en alerte. Madrid, en effet, a cessé d'être, pour le moment, l'interlocuteur de l'Europe auprès des services de renseignement marocains» note la même source. Okdiario affirme également que le Maroc cherche à affiner ses relations sécuritaires avec la France. Les services marocains ont revendiqué en avril la paternité de l'information qui a conduit à interpeller en France une jeune femme de 18 ans durant le week-end de Pâques, soupçonnée de mener un attentat contre une église. Ils ont expliqué dans un communiqué avoir transmis le 1er avril à leurs homologues français «des informations précises sur une citoyenne française d'origine marocaine qui planifiait une opération terroriste imminente visant une église en France», «en coordination avec des éléments de Daech», l'organisation Etat islamique.