Avec plus de 200.000 esclaves pour environ 4 millions d'habitants, la Mauritanie arrive en tête du classement des pays les plus ''esclavagistes'' du monde loin devant le deuxième pays, Haïti, qui en compte deux fois moins, si l'on croit un récent rapport de l'une des principales ONG qui lutte contre l'esclavage, l'Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRMA). Ces 200 000 esclaves mauritaniens n'ont pas d'état civil. Ils n'ont pas accès à l'argent et ne peuvent hériter. Ils sont tout simplement la propriété du maître dans un pays où la pratique esclavagiste bénéficie encore d'une tolérance tacite. En effet les communautés arabo-berbères de la Mauritanie ont développé tout au long de leur histoire un système social axé sur l'exploitation des esclaves appelées communément, les Haratine. Ils constituent plus de 50% de la population totale du pays. La plupart d'entre eux ne vivant plus une situation effective d'esclavage mais souffrant, en majorité, de discriminations fondées sur leur statut de naissance. L'autre partie constituée d'esclaves proprement dits (environ 200 000 esclaves), sont des propriétés de leurs maîtres. Ils sont un bien au même titre que les troupeaux. Ils travaillent sans salaires, ne vont pas à l'école, subissent des châtiments corporels les plus inhumains. Ils sont cédés, loués et n'ont aucun droit sur leurs enfants ou leurs épouses esclaves. Dans cette terre d'islam malheureusement, la condition d'esclave s'est transmise à travers les générations. Les esclaves peuvent être achetés, vendus, loués ou offerts comme cadeaux. Ils n'ont le droit de rien posséder et sont eux-mêmes considérés comme des biens. Les femmes souffrent tout particulièrement de cette pratique, l'autorité et le contrôle des maîtres s'exerçant de manière plus forte dans la sphère domestique où elles mènent l'essentiel de leurs activités. Elles font souvent l'objet de violences sexuelles. Le phénomène odieux de l'esclavagisme est nourri en Mauritanie, par l'accumulation des frustrations, l'impunité des pratiques esclavagiste, les expropriations des terres à caractère esclavagiste, l'exclusion dans la redistribution des richesses nationales et des postes au sein de l'appareil d'Etat ainsi que l'inégalité devant la justice et l'administration. Pour les militants anti-esclavagistes, la plupart des lois criminalisant l'esclavage et les pratiques esclavagistes ont été limitées par le gouvernement mauritanien à leur simple expression symbolique. Preuve en est, le refus systématique des autorités à infliger la moindre sanction aux dizaines de personnes accusées de pratiques esclavagistes. Deux formes d'esclavage sévissent dans cette terre d'islam : l'esclavage domestique et l'esclavage sexuel. Le premier se traduit par le rattachement de l'esclave à la famille du maître, par son travail et par l les corvées et taches domestiques avec comme seule rémunération les punitions et les maltraitances corporelles. Quant à l'esclavage sexuel, la coutume autorise aux maîtres hommes, de disposer sexuellement de toutes les femmes esclaves ''sans restriction du nombre de celles-ci, sans demander le consentement de ces dernières, sans obligation de dot, ni témoins, ni acte de mariages comme ça doit être le cas dans les mariages des femmes libres'', s'alarment les auteurs du rapport de l'IRMA. Notons enfin que l'aspiration des Haratines n'est pas du goût des classes dominantes détenant les leviers de commande de l'Etat. Le pouvoir de classe en Mauritanie, réduit malheureusement au silence toute expression de la différence. Cette situation représente l'une des causes essentielle de violations graves et massives des droits à la dignité, des droits à la différence, des droits culturels, des droits de l'Homme tout court.