«Ceux qui viennent de l'autre rive de la Méditerranée» sont «une chance de faire la France en plus grand», a lancé lundi Emmanuel Macron devant le Forum des Mondes méditerranéens à Marseille, en dénonçant ceux qui «jettent un doute» sur les Français «venus d'ailleurs». Avant la présidentielle, des mots assez surprenants. Lors d'une allocution en visioconférence devant le Forum dont il est à l'initiative, le chef de l'Etat a défendu «la richesse plurielle» des Français venant des diasporas «du Levant, du Maghreb, d'Europe du Sud», critiquant ensuite, sans le nommer, le candidat d'extrême droite à la présidentielle Eric Zemmour. «Depuis trop d'années, nous avons si souvent dans nos discours, comme jeté un doute, comme si venant d'ailleurs il fallait retrancher une part de cette identité pour être vraiment Français», a-t-il regretté. Toutefois, et à quelques mois de l'élection présidentielle, la France avait engagé une épreuve de force avec le Maroc, l'Algérie et la Tunisie. Paris a annoncé la réduction du nombre de visas accordés à ces trois pays du Maghreb pour les obliger de délivrer les laissez-passer consulaires (LPC) nécessaires au retour des immigrés en situation irrégulière. «Jeté un doute, y compris dans le débat public contemporain qui est le nôtre en France, en expliquant que tant et tant d'entre nous, parce qu'ils ont des origines, parfois des prénoms même dit-on (…) devraient oublier la richesse de leur famille, de leur culture, parfois les liens qui existent de l'autre côté. Je crois tout le contraire», a-t-il déclaré, alors qu'Eric Zemmour veut imposer aux enfants à naître en France de porter des «prénoms français». «J'attends de tous nos compatriotes qu'ils soient totalement Français et Européens, qu'ils respectent toutes les règles de la République, qu'ils aiment leur pays mais je veux dire à tous les enfants de la République, quelle que soit leur histoire, que quand ils viennent de cette autre rive, ils ont des choses formidables à apporter à la France et que c'est une chance, celle de faire la France en plus grand». «Nos diasporas, nos binationaux sont une chance formidable pour la France et nous devons les aider à réussir y compris de l'autre côté de la Méditerranée», a-t-il insisté, en annonçant un fonds de 100 millions d'euros pour «les entrepreneurs vivant en France qui veulent investir au Maghreb». Il a aussi souhaité «faciliter la circulation de ceux qui contribuent à nos échanges économiques, culturels, scientifiques», dans le cadre d'une coopération entre Etats pour »réguler efficacement les migrations«. Cette possibilité de circulation facilitée, qu'il n'a pas détaillée, sera inscrite à l'agenda du sommet UE-Union africaine prévu les 17 et 18 février à Bruxelles, a-t-il promis.