Un collectif d'organisations et de défenseurs des Droits de l'Homme en Algérie ont lancé un appel aux autorités algériennes pour mettre un terme à la nouvelle vague de répression et de restrictions des droits et libertés qui s'abat sur le pays. « S'organiser et se réunir sont des droits constitutionnels ! Non à la criminalisation des activités citoyennes : politiques, associatives et syndicales ! Libérez les détenus d'opinion et les journalistes ! », lit-on dans une déclaration-pétition de ces organisations. Elle appelle à « l'arrêt immédiat des arrestations, des poursuites et des procédures administratives contre les actrices et acteurs politiques, sociaux, associatifs et syndicaux et leurs organisations », ainsi que l'abrogation des lois liberticides illégitimes « adoptées pour affronter les revendications démocratiques du Hirak populaire ». L'abolition du droit de s'organiser « au prix d'une vague répressive honteuse qui n'épargne aucune corporation (universitaires, journalistes, avocats, fonctionnaires...), est une escalade irresponsable qui hypothèque l'avenir du pays et la cohésion de la société », dénoncent les signataires de cette déclaration. Ils appellent aussi à la libération, sans délai, de tous les détenus d'opinion, à leur réhabilitation, et à l'annulation de toutes les procédures en cours contre les organisations – partis politiques, associations, syndicats –, qui animent la vie publique nationale, régulent le vivre ensemble en Algérie. « La dérive en cours piétine tous les engagements internationaux de l'Algérie en matière de respect des droits de l'Homme et la met au ban des nations », regrettent-ils. D'après les signataires de cette déclaration, « l'offensive répressive contre les libertés des Algériennes et des Algériens et contre leurs droits constitutionnels à l'expression, à la réunion et à l'organisation s'est dangereusement amplifiée en ce début d'année 2022 ». Ils rappellent qu'une organisation politique, le Rassemblement des jeunes pour l'Algérie (RJPA), née parmi d'autres, de l'élan populaire du Hirak pour le changement démocratique, est aujourd'hui la cible du rouleau compresseur sécuritaire. La déclaration cite également le cas du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) qui a été notifié, le 5 janvier, d'un avertissement pour « l'utilisation de son siège pour des activités non conformes avec les objectifs prévus pour lui par la loi ». Elle explique que ce parti d'opposition est, en fait, menacé pour avoir accueilli, le 24 décembre dernier, l'initiative de lancement d'un « front populaire contre la répression ». La répression du Hirak populaire se poursuit à plusieurs niveaux, déplorent les signataires de ce document, notant que les arrestations de citoyens pour leurs publications, notamment leur soutien aux détenus, n'ont jamais cessé depuis deux ans, et se sont aggravées depuis mai 2021 pour culminer aujourd'hui à plus de 245 détenus d'opinion. Cette répression, confortée par l'article inique 87 bis du code pénal, veut terroriser toute volonté d'organisation ancienne ou nouvelle, met en garde la déclaration. Des partis légaux comme le Parti socialiste des travailleurs (PST) et l'Union pour le changement et le progrès (UCP), sont menacés de dissolution, l'association Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) a subi une décision de dissolution, Fethi Gherras, leader d'un parti politique historique, le Mouvement démocratique et social (MDS), connaît la prison depuis plus de six mois, s'indignent ces organisations. « La répression s'attaque aujourd'hui aux droits syndicaux. De nombreux syndicalistes des secteurs sociaux en lutte pour défendre leurs intérêts moraux et sociaux sont soumis, ces dernières semaines, à des enquêtes sécuritaires, et risquent des poursuites pénales sur le modèle désormais classique de la répression des acteurs et des revendications politiques », poursuit la déclaration. « Les Algériennes et les Algériens sont interdits de toute forme d'organisation autonome : cela est inacceptable ! », dénoncent-ils, soulignant que la volonté d'empêcher la contestation organisée des Algériens ne renonce à aucun instrument de répression. Parmi les signataires de cette Déclaration figurent notamment la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), « Riposte internationale », l'association « Agir pour le changement et la démocratie en Algérie » (ACDA), la Confédération syndicale des forces productives (COSYFOP), le Rassemblement des jeunes pour l'Algérie (RJPA), le Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (SNAPAP), ainsi qu'un grand nombre de journalistes, d'avocats, de professeurs universitaires, de politiciens et de représentants de la société civile.