En Algérie, la flambée des prix et les pénuries de denrées de base consacrent une profonde crise économique née de la chute de la rente pétrolière et aggravée par la propagation du variant Omicron. En Algérie, la crise sociale est telle que nombre de familles en situation de précarité ne trouvent leur salut qu'auprès d'associations de bienfaisance qui distribuent gracieusement des produits de première nécessité aux plus démunis. L'absence de contrôle et de mesures dissuasives à l'encontre des fraudeurs favorisent la spéculation et l'impuissance de l'Etat est pointée du doigt. Quant à l'Association de protection du consommateur (APOCE), elle plaide sans être entendu pour une régulation du marché destinée à diversifier l'économie. Le riz, le pain, la farine, l'igname, la viande de bœuf, ainsi que la plupart des aliments de base en Algérie, pays le plus peuplé du Maghreb, ont vu leur prix monter en flèche. Les prix des fruits et légumes ont connu également une flambée ces dernières semaines. Celui de la pomme de terre a momentanément triplé à 150 dinars (0,95 euros) contre 40 dinars, sous l'effet d'une pénurie de cet aliment essentiel en Algérie. Une pénurie due à un trafic de spéculateurs que les autorités peinent à éradiquer. Avant même la crise économique provoquée par la pandémie mondiale, le pays, confronté à un ébranlement social sans précédent se débattait pour sortir la tête de l'eau: depuis 2014, les cours du pétrole, sa principale source de revenus, ont chuté, et sa monnaie ne cesse de se déprécier. Les députés algériens ont approuvé fin novembre un article de la loi de finances pour 2022 ouvrant la voie à la suppression de ces subventions qui bénéficient à tous les ménages, indépendamment de leurs revenus. Le système sera remplacé par des mesures compensatoires ciblant les couches les plus modestes, mais la mise en œuvre de ce dispositif présente d'énormes risques vu l'incurie des autorités publiques. L'année dernière, des échauffourées nocturnes ont éclaté dans plusieurs villes algériennes contre la flambée des prix. Les manifestants ont également érigé des barricades à l'aide de pneus qu'ils ont enflammés, après que les prix de certains produits de base, comme le lait, le sucre et l'huile, ainsi que les légumes, ont enregistré une hausse considérable. Les producteurs et distributeurs de gros, eux, imposent des marges bénéficiaires exagérées selon les observateurs. Alors que le salaire national minimum garanti (SNMG) stagne à 20 000 dinars (un peu plus de 126 euros), la Confédération des syndicats algériens (CSA) considère qu'un salaire minimum décent devrait atteindre quatre fois plus. Etranglée par un déficit budgétaire profond et l'érosion du Fonds de régulation des recettes (FRR), l'Algérie a procédé à plusieurs mesures d'austérité.