À travers la lettre adressée par le Souverain Marocain au 27e Sommet de l'UA qui s'est déroulée à Kigali au Rwanda, le Royaume réintègre l'Union africaine après plus de 32 ans de retrait. Plusieurs apostrophes nous interpellent des éventuelles retombées économiques sur le tissu économique marocain. Lundi 18 juillet 2016, la fin de « l'Afrexit » du Maroc : le Royaume retrouve l'Union africaine (UA), qui a pris le relais de la défunte Organisation de l'Union africaine (OUA) que Rabat a choisi de quitter, il y a plus de 32 ans pour protester contre l'adhésion illégale de la RASD (République arabe sahraouie démocratique), à travers la lettre adressée par le Souverain Marocain au 27e Sommet de l'UA qui s'est déroulée à Kigali au Rwanda. Au regard de ce regain historique, plusieurs apostrophes nous interpellent des éventuelles retombées économiques sur le tissu économique marocain. Une précision est à souligner en guise de prologue : si, en 1984, le Royaume s'est retiré d'une organisation censée de par le nom qu'elle portait développer l'Union africaine, il n'a jamais tourné le dos au continent ; on ne peut aller à contre-courant de considérations tenant d'une logique géographique, mais aussi et surtout historique et culturelle. Sur ce registre, feu Hassan II ne se plaisait-il pas à répéter la célèbre métaphore que « Le Maroc est un arbre qui plonge ses racines en Afrique ». Aussi, son successeur le Souverain Mohammed VI n'a-t-il pas préludé, le 24 février 2014, le discours d'ouverture du Forum économique d'Abidjan que « la crédibilité veut que les richesses de notre continent bénéficient, en premier lieu, aux peuples africains. Cela suppose que la coopération Sud-Sud soit au coeur de leurs partenariats économiques (…) accompagnés par une action crédible et un engagement constant ». En premier abord, le regain du Maroc à l'instance africaine permettra au Royaume d'élargir ses relations économiques avec d'autres pays africains, et ce en durcissant sa présence, cette fois-ci, tant sur le plan institutionnel que sur le plan des instances africaines. En sus, le retour du Maroc à l'Union africaine s'inscrit dans le cadre de la présence du Maroc dans la trajectoire africaine à travers les périples perpétuels du Souverain Marocain dans moult pays africains lithographiés, entre autres, par un accueil des plus chaleureux réservé au Souverain, aussi bien au plan officiel que populaire, et qui se sont concrétisés, sur le plan économique, par des investissements marocains d'envergure dans les différentes sphères économiques africaines ; ce qui atteste que le Maroc, malgré son retrait de l'OUA depuis plus de 30 chandelles, a perpétué sa stratégie d'ouverture sur le continent africain en devenant le deuxième investisseur africain après l'Afrique du Sud et en jouant un rôle crucial dans les enjeux climatiques, migratoires et sécuritaires. Nous pensons que la reprise des relations du Maroc avec l'Union africaine est un corollaire logique de la fortification des connexités économiques entre Rabat et les autres pays du continent noir et que le temps économique doit rattraper le temps politique à travers le raffermissement de la présence politique au sein de l'Union africaine. Par ailleurs, la réactivation des relations de Rabat à l'Union africaine va permettre au Maroc d'exporter les compétences marocaines en apportant assistance technique et managériale aux pays africains dans plusieurs domaines notamment dans les infrastructures, les télécommunications et les énergies renouvelables. Aussi, le Maroc pourra miser et parier sur les ressources naturelles et minières que recèlent les pays africains à travers des expériences, la présence et les investissements des firmes marocaines dans tels créneaux. De surcroît, l'omniprésence du Maroc dans les marchés africains aura des répercussions sur le plan des recettes d'exportation et de devises et permettra de renforcer la Coopération Sud/Sud pour ne pas se scléroser et se lapidifier à la logique unilatérale avec les débouchés Européens. Par ailleurs, la réviviscence des liens du Maroc avec l'Union africaine permettra au Maroc d'outrepasser le cadre bilatéral avec des pays comme le Mali, le Gabon ou la Côte d'Ivoire pour institutionnaliser des relations économiques internationales avec des pays africains dans le cadre d'accords multilatéraux. En guise d'épilogue, on ne peut que congratuler notre diplomatie économique et politique sous l'impulsion du Souverain Marocain pour cet acquis historique et qui aura des effets vertueux économiques d'abord puis l'instance politique rattrapera l'instance économique où le Maroc pourra jouer pleinement son rôle au sein de cette instance africaine, et arc-bouter mieux de l'intérieur la question du Sahara. Mustapha MAGHRITI / Docteur en Relations Ecnomiques Internationales (Faculté de Droit Rabat-Agdal) Inspecteur divisionnaire en chef (ministère des Finances)