En quelques mois seulement, Le Monde ainsi que certains journaux de la gauche radicale française ont laissé composer, imprimer, vendre et débiter ouvertement une foule de libelles contre le Maroc, dont les auteurs n'avaient pour objectif que de surprendre, par les contrevérités qu'ils y insèrent, les personnes peu instruites sur la réalité du déroutement de certaines affaires judiciaires, essentiellement. Jamais pareille explosion de tribunes antimarocaines n'avait été si éclatante ; jamais, les libelles politiques n'avaient pris de pareilles proportions. Il ne se passe pas de jour qu'une petite poignée de colporteurs reviennent à la charge avec une chaleur plus que martiale. Les mêmes mots d'ordre se répètent : ne pas retenir sous les verrous des noms précis, les mettre en liberté provisoire malgré les faits relevés contre eux par l'accusation, car, selon eux, ils méritent cette immunité. Des prises de position remuantes et aventureuses se plaisait à faire de quelques procès judiciaires un moyen de lutte, où l'abomination est mise dans le ridicule. «Maâti Monjib, Omar Radi et Soulaiman Raissouni auront-ils la possibilité, comme ils le souhaitent, de se défendre et d'apporter les preuves de leur innocence ? Pourront-ils faire comparaître leurs témoins, sans que ceux-ci fassent l'objet à leur tour de poursuites» (Le Monde, 14/12/21) ; «Un collectif d'intellectuels entend apporter son soutien à Soulaiman Raissouni, Omar Radi, Taoufik Bouachrine, Imad Stitou et Chafik Omerani, poursuivis pour avoir exercé leur métier, et demande aux autorités françaises de ne pas fermer les yeux» (Le Monde, 21/4/21) ; «La liberté de la presse au Maroc connaît des heures sombres. Omar Radi et Soulaiman Raissouni, deux journalistes qui s'étaient illustrés par leur plume critique, ont entamé, il y a une semaine, une grève de la faim à la prison d'Oukacha, à Casablanca, où ils se trouvent en détention préventive depuis respectivement huit et dix mois» (Le Monde, 16/4/21) ; «En définitive, le système politique marocain est une machine à broyer les partis qui ont une marque politique et un ancrage social, qu'ils soient islamistes ou de gauche, à l'instar de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), qui a dirigé le gouvernement d'alternance entre 1998 et 2002» (Le Monde, 25/10/21) ; «Le Maroc vit sa période la plus autoritaire depuis trente ans» (Le Monde, 16/4/21). Aussi est-ce par leur peu de sérieux, disons mieux, par leur caractère burlesque, que se distinguent les tribunes contre de le Maroc, où, du reste, il y a de tout, de la grossièreté, du cynisme, du mensonge, de la mauvaise foi, d'une coterie pas très-convaincue de la justice de ses causes, croyant peu à son succès. Toutes les agitations, les tumultes, les gros mots ne suffisent pas pour cacher aux yeux les moins ouverts l'impuissance de certains «activistes». L'excuse est toute prête : «poursuivis en raison de leurs critiques du pouvoir.» L'affaire de Omar Radi, condamné pour «atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat» et pour avoir reçu des «financements étrangers» en lien avec «des services de renseignement» mais aussi de «viol» est révélatrice d'un racket moral via des supports étrangers, parce que vraisemblablement les protestations au cœur du tribunal et les sit-in improvisés ne suffisent plus. Sa victime, elle, est évoquée fortuitement à la faveur d'une phrase ou deux, à chaque fois. L'affaire de Soulaiman Raissouni, ancien rédacteur en chef du quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum (fermé en mars), condamné à cinq ans de prison pour «viol avec violence et séquestration», indique que l'enfumage est une tactique utilisée pour induire en erreur l'opinion nationale et internationale. L'entourage de Raissouni a utilisé une supposée grève de la faim «observée depuis 122 jours» par ce dernier pour protester contre sa détention afin d'imposer une autre réalité. Des enregistrements vidéo ont attesté par la suite que le quarantenaire jouissait d'une bonne santé et se nourrissait régulièrement en prison. Etrangement, avant deux semaines, Le Monde, a donné la parole à un «collectif de femmes s'étant déclarées publiquement victimes de violences sexuelles» de deux figures influentes en France, Nicolas Hulot et Patrick Poivre d'Arvor. La tribune a dénoncé une «société où les victimes de la violence des dominants seraient tenues au silence et condamnées à l'opprobre, à l'infamie et à la caricature.» C'est exactement ce qu'il s'est passé avec Hafsa Boutahar, victime d'Omar Radi. Il serait dérisoire de se livrer à des calculs comparatifs pour savoir jusqu'à quel point Le Monde défend les accusés au Maroc et les victimes en France, il ne le serait pas moins de s'appesantir sur la composition des signataires des tribunes que le journal diffuse, formée à chaque fois et exclusivement d'une tourbe qui prétend, en défendant quelques noms précis, rendre service à la cause de la liberté. Les tribunes anti-Maroc ne se piquent pas d'exactitude, de raison ou de justice ; leur rôle, leur but, a été surtout de provoquer les passions par l'exagération, par la duplicité, par la réclame pseudo-humanitaire. Elles jugent, veulent être véridiques, et elles y échouent souvent. Leur son sel est d'ordinaire fort gros ; elles n'ont souci ni de la délicatesse, ni de la mesure, ni de la convenance, et souvent, dans les mots comme dans les faits, elles bravent l'honnêteté. Leur excuse est dans des habitudes de langage, dans des accusations malsaines jetées au vent de la curiosité ses compositions, destinées à faire disparaître l'essentiel : que ma justice marocaine est libre. Les dernières tribunes publiées par Le Monde sont d'un ton inquisitorial, bavardes ; elles traitent avec une certaine liberté des affaires intérieures du Maroc ; elles roulent principalement sur ses institutions, ses corps constitués. Il y en a qui laissent reparaître l'aigre levain du vieux parti fanatique qui cherche à imposer ses idées. À chaque, ce sont des signataires ouvertement hostiles au Maroc qui abordent sans hésitation les questions les plus hautes, les plus ardues, les plus poignantes relatives au Royaume. Beaucoup ont percé les mystères de l'intrigue, et les motivations d'une certaine multitude ardente qui, par excès d'impatience, flotte de l'abattement à la fureur, mais désirant par-dessus tout voir sa violence démagogique prise en considération. Car de quoi s'agit-il ? De modifier certaines mœurs, de réformer quelques abus, d'introduire dans les lois quelques améliorations généralement jugées nécessaires ? Non certes, ce n'est pas là ce qui agite cette coterie et les émeut si puissamment. Il s'agit pour eux de se substituer à la justice marocaine, réciproquement égale et équitable pour tous. La justice marocaine est sur son siège, accessible à tous et prête à entendre toutes les causes. Elle ne s'inclinera jamais devant les agissements étrangers. Dans ses efforts persévérants contre les envahissements intéressés, contre les tendances à tout abaisser, à tout corrompre, elle continuera son œuvre, celui du devoir envers la loi, envers le pays, parce qu'elle est l'éternel pivot de la société, symbole de son intégrité, de sa conscience.