L'ex-roi d'Espagne Juan Carlos I a invoqué lundi 6 décembre devant la justice britannique le droit à l'immunité que lui conférerait son statut de membre de la famille royale, une ancienne compagne essayant de le poursuivre pour harcèlement. Corinna zu Sayn-Wittgenstein-Sayn, une femme d'affaires danoise, veut le poursuivre devant la Haute Cour de Londres afin d'obtenir des dommages et intérêts pour des faits supposés de harcèlement. Juan Carlos I, qui a abdiqué en juin 2014 au profit de son fils, le roi Felipe VI, a fait valoir au cours d'une première audience lundi qu'il avait le «droit à l'immunité devant les tribunaux anglais en sa qualité de membre supérieur de la famille royale espagnole». De nombreux actes malveillants Selon les documents présentés par ses avocats, Corinna zu Sayn-Wittgenstein-Sayn a entretenu une «relation romantique intime» avec l'ancien monarque entre 2004 et 2009. Après leur rupture, ils seraient restés amis pendant un certain temps, avant que Juan Carlos ne cherche à raviver leur relation. Lorsque cette femme d'affaires danoise a «clairement indiqué son refus», l'ex-roi aujourd'hui âgé de 83 ans a adopté un «comportement relevant du harcèlement», affirme-t-elle, l'accusant d'avoir «organisé» une série d'actes malveillants, lui causant «détresse et anxiété». Un «associé» de Juan Carlos se serait ainsi montré «menaçant» envers elle et ses enfants pendant une rencontre à Londres en 2012, programmée selon Corinna zu Sayn-Wittgenstein-Sayn pour «correspondre aux effractions dans ses appartements à Monaco et à Villars, en Suisse». Au cours de violations de son domicile, un livre sur la mort de la princesse Diana avait été ostensiblement laissé sur une table. Le soir où Corinna zu Sayn-Wittgenstein-Sayn l'a découvert, elle affirme avoir reçu un appel d'un inconnu lui glissant en espagnol qu'il «y a beaucoup de tunnels entre Monaco et Nice», dans le sud-est de la France. Ses avocats ont fourni à la Cour le détail de nombreux actes malveillants – intrusions dans sa propriété en Angleterre, coup de feu dans ses dispositifs de sûreté, trou percé dans la fenêtre de sa chambre à coucher en pleine nuit- qu'ils estiment avoir été commandités par Juan Carlos. L'ex-monarque «rejette les allégations faites contre lui», a déclaré son avocat Daniel Bethlehem, affirmant par ailleurs qu'en vertu de la loi sur l'immunité de l'Etat de 1978, Juan Carlos ne pouvait être jugé devant les tribunaux anglais, mais seulement par la Cour suprême espagnole. L'avocat de Corinna zu Sayn-Wittgenstein-Sayn avance quant à lui que l'ancien roi ne dispose plus de ce droit depuis qu'il a abdiqué. L'audience préliminaire pour examiner cette potentielle immunité doit se terminer mardi. Le juge rendra sa décision à une date ultérieure.