Le candidat de droite a officialisé, dimanche, le nom de sa formation politique, «Reconquête», lors d'un discours marqué par de violents affrontements entre des participants au meeting et des militants antiracistes. Le candidat d'extrême droite Eric Zemmour entendait faire une démonstration de force lors de son premier meeting de campagne présidentielle dimanche 5 décembre à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Ses opposants ont eux aussi fait entendre leur voix, et manifesté à Paris. M. Zemmour a pris la parole en fin d'après-midi, au Parc des expositions, face à ses troupes rassemblées derrière son nouveau slogan, « Impossible n'est pas français », expression assortie d'un rameau d'olivier. Ce premier meeting depuis l'officialisation de son entrée en campagne, mardi 30 novembre, a rassemblé 13 000 personnes dimanche, selon les organisateurs. « Près de 15 000 Français qui ont bravé le politiquement correct, les menaces de l'extrême gauche et la haine des médias », a commencé par dire le candidat. Plusieurs personnes exfiltrées Lors de son discours, le polémiste désormais candidat s'est d'abord plaint d'être attaqué par « le pouvoir et ses relais médiatiques », avant d'enchaîner : « La meute est désormais lancée à mes trousses. Mes adversaires veulent ma mort politique. Les journalistes veulent ma mort sociale et les djihadistes veulent ma mort tout court. » Réfutant les accusations de racisme et de misogynie, le candidat s'est vanté d'être le « seul à défendre la liberté de penser, la liberté de parole, la liberté de débattre, la liberté des mots sur la réalité pendant qu'ils rêvent tous d'interdire mon meeting et de me condamner ». Entre deux « on est chez nous » et des « vive la France » scandés par la foule, le meeting s'est déroulé dans une ambiance électrique et hostile à l'égard des journalistes, hués à plusieurs reprises par les supporteurs d'Eric Zemmour. Alors que plus de 400 journalistes ont été accrédités, des membres de l'émission « Quotidien », de la chaîne TMC, avaient été pris à partie plus tôt dans l'après-midi, d'abord par un groupe de jeunes militants, puis par une foule de plus en plus importante. Ils ont été mis brièvement « à l'abri par sécurité », selon l'équipe du candidat d'extrême droite. Pendant les premières minutes, de violents incidents ont également éclaté à l'arrière de la salle, entre des participants au meeting et des membres de l'association SOS-Racisme. Plusieurs personnes ont été blessées, une militante de l'association a notamment été filmée le visage ensanglanté à l'issue de ces heurts. La tension était aussi palpable avant le début du discours. Avant de monter sur la scène, alors que le candidat traversait la foule, un individu s'est précipité sur lui et l'a agrippé par le cou, avant d'être rapidement maîtrisé puis exfiltré. L'homme a été placé en garde à vue pour « voie de faits », selon les informations du Monde. En fin de soirée, l'équipe d'Eric Zemmour a fait savoir que le candidat aurait été blessé dans cet incident et se serait vu prescrire 9 jours d'ITT par un médecin. «Immigration zéro» Eric Zemmour a profité de ce grand raout pour officialiser le nom de son parti, «Reconquête», avec adhésion payante. «La reconquête est désormais lancée. La reconquête de notre économie, la reconquête de notre sécurité, la reconquête de notre identité, la reconquête de notre souveraineté, la reconquête de notre pays», a fait valoir le candidat à la présidentielle. Il s'est dit «prêt à prendre les manettes» du pays pour répondre à deux «craintes» qui «hantent les Français», «celle du grand déclassement (...) et celle du grand remplacement avec l'islamisation de la France et l'immigration de masse». «L'immigration zéro deviendra un objectif clair de notre politique», a déclaré Eric Zemmour. Celui-ci a annoncé vouloir «renvoyer tous les clandestins présents illégalement sur le sol Français», «expulser immédiatement les délinquants étrangers», «déchoir les criminels binationaux de leur nationalité française», et a promis de soumettre ces questions au peuple français par référendum. Le candidat s'en est également pris au président de la République, Emmanuel Macron, qu'il a accusé d'avoir « vidé de leur substance notre économie, notre identité, notre culture, notre liberté, notre énergie, nos espoirs, nos existences ». « Il a tout vidé parce qu'il est à lui tout seul, le grand vide, le gouffre. En 2017, la France a élu le néant et elle est tombée dedans », a-t-il encore ajouté. «Faire taire» Zemmour Initialement prévu au Zénith, dans le 19e arrondissement de Paris, le meeting a finalement été délocalisé à Villepinte, à une vingtaine de kilomètres. L'équipe d'Eric Zemmour l'a expliqué par « l'engouement populaire », mais a aussi admis des raisons de sécurité, alors qu'une cinquantaine d'organisations syndicales, partis de gauche et associations avaient appelé à manifester de Barbès à La Villette pour «faire taire» M. Zemmour. Quelque 2 200 manifestants selon la Préfecture de police, 10 000 selon les organisateurs, ont défilé dans les rues de Paris dimanche pour dénoncer la candidature à l'élection présidentielle du polémiste d'extrême droite. Ils sont arrivés peu avant 16 heures dans le calme à La Villette, selon notre journaliste Pierre Bouvier. A l'issue de la journée, 59 personnes ont été interpellées par les forces de l'ordre, dont deux à Barbès, selon les informations du Monde. Soixante-dix-neuf autres ont été verbalisées pour participation à une manifestation non autorisée à Villepinte. L'association Action antifasciste Paris-Banlieue, avait notamment appelé sur Twitter ses sympathisants à « saboter » le meeting d'Eric Zemmour, et voulait «maintenir la pression» ce dimanche après-midi. Le meeting de Villepinte devait permettre à Eric Zemmour de mesurer les ralliements, alors que l'organisation est critiquée en interne pour sa fragilité et que des militants plus radicaux ont intégré la campagne, comme l'ancien mégrétiste et proche des identitaires Grégoire Tingaud, qui sera chargé de coordonner les référents régionaux. Le financier Charles Gave, qui a retiré son soutien, et le souverainiste Philippe de Villiers n'étaient pas présents dimanche. En revanche, plusieurs personnalités de La Manif pour tous, qui réunit les opposants au mariage entre personnes de même sexe, étaient bien là aux côtés du candidat : l'ancien député conservateur Jean-Frédéric Poisson, qui a renoncé à sa propre candidature en 2022 et s'occupera des législatives, ainsi que Christine Boutin, qui présidait avant lui le petit Parti chrétien-démocrate (devenu VIA, la voie du peuple), et Laurence Trochu, présidente du Mouvement conservateur, associé jusqu'à présent à LR.