Le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour a l'intention d'annoncer sa candidature à l'élection présidentielle mardi midi dans une vidéo avant d'être l'invité du JT de 20 heures, selon son entourage, à l'issue d'une précampagne agitée et de premiers ressacs dans les sondages. « Un message aux Français » sera « diffusé sur nos réseaux sociaux », suivi du 20h de TF1, a-t-on indiqué lundi soir de même source, confirmant une information de plusieurs médias. Des membres de son équipe ont déjà twitté #Zemmourcandidat. A quatre mois et demi de l'élection, l'ancien éditorialiste du Figaro et de CNews, s'apprête donc à se lancer officiellement au bout d'une pré-campagne. A 63 ans, Eric Zemmour doit tenir son premier véritable meeting de campagne dimanche après-midi au Zénith de Paris. La CGT, Solidaires et des militants antifascistes ont déjà promis une manifestation pour faire « taire Zemmour » à 13h dans la capitale. En se déclarant mardi, le polémiste, qui ambitionne de rassembler les électeurs de droite et d'extrême droite, parasite au passage le processus d'investiture en cours chez les LR qui départagent de mercredi à samedi leurs cinq prétendants. Ceux-ci doivent débattre une dernière fois à la télévision mardi soir, juste après le JT de 20h. Eric Zemmour, condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale par le passé, se déclare au moment où les sondages se tassent autour de 14 à 15 % d'intentions de vote au premier tour, derrière le président sortant Emmanuel Macron (25 %) et la candidate du RN Marine Le Pen (entre 19 et 20 %). Et dans une période agitée pour son camp, où certains critiquent un déficit d'organisation ou l'omniprésence de sa conseillère Sarah Knafo. Il a conclu samedi une visite chahutée à Marseille par un échange de doigts d'honneur avec une passante. Un geste « fort inélégant », a-t-il convenu le lendemain. Stanislas Rigault, qui anime « Génération Z », le mouvement de jeunesse du candidat, a reconnu un moment « compliqué » à Marseille. « Ce n'est pas la meilleure période », mais « je ne pense pas que la dynamique va s'essouffler, on a un Zénith qui sera rempli », a-t-il estimé sur BFMTV. « L'aventure va commencer demain à 12h », a-t-il twitté lundi soir. Les partisans de Zemmour se targuent d'avoir déjà pesé sur les thématiques de la campagne, particulièrement sur la lutte contre l'immigration, le sujet numéro 1 du polémiste, associé à ses critiques de l'islam, une « civilisation » qu'il juge « incompatible avec les principes de la France ». Ses prémices de programme promettent un référendum sur l'immigration, la suppression du droit du sol ou du regroupement familial et l'interdiction de porter un premier prénom d'origine étrangère, une proposition qui a suscité l'indignation de la classe politique en France. Eric Zemmour est un adepte de la théorie complotiste du « grand remplacement » de la population européenne par des immigrés non européens. Les polémiques se sont multipliées durant sa pré-campagne, en parallèle de la promotion de son dernier livre. Notamment quand Eric Zemmour a pointé un fusil vers des journalistes durant la visite d'un salon sur la sécurité ou choisi de se rendre devant le Bataclan, le jour de commémoration des attentats du 13-Novembre, pour accuser l'ancien président François Hollande de n'avoir « pas protégé les Français ». Il suscite aussi l'indignation quand il affirme, contre l'avis des historiens, que Pétain aurait « sauvé des juifs de France » pendant la Seconde Guerre mondiale. Sa rivale d'extrême droite Marine Le Pen (RN) marque régulièrement sa différence, en contestant la « radicalité déplacée » du polémiste, dont elle juge qu'il n'a pas fait « sa mue » en candidat, et espère qu'il la « recentre ». Jusque dans la couverture de son dernier ouvrage, « La France n'a pas dit son dernier mot », Eric Zemmour fait en outre de l'ancien président américain Donald Trump une source d'inspiration, même s'il ne bénéficie pas du soutien d'un grand parti. La constitution d'un réseau sur le terrain sera d'ailleurs l'un de ses nombreux défis, ne serait-ce que pour obtenir les 500 parrainages d'élus nécessaires à une candidature à la présidentielle. Son camp assure s'appuyer sur 250 à 300 promesses de parrainages. Il lui faudra aussi récolter des dons pour sa campagne, alors qu'il a déjà perdu le soutien du financier Charles Gave, qui lui a prêté 300.000 euros. Le polémiste est en outre accusé d'agressions sexuelles selon plusieurs témoignages de femmes recueillis par Mediapart. Mais aucune plainte n'a été annoncée contre lui.