Locomotive des audiences de CNews depuis 2019, Eric Zemmour n'interviendra plus dans l'émission « Face à l'info », a annoncé lundi la chaîne, contrainte comme tous les médias audiovisuels de décompter le temps de parole du polémiste qui ne cache plus ses vélléités présidentielles. « Bien qu'Eric Zemmour ne se soit pas déclaré candidat à l'élection présidentielle qui aura lieu dans 7 mois, le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) » oblige Cnews à prendre cette décision, regrette ainsi la chaîne du groupe Canal+. « J'en suis fort triste, a commenté lundi matin Eric Zemmour, invité sur CNews. Je pense que c'était inévitable. Je pense que le CSA l'a fait exprès, l'a fait volontairement ». « Finie l'aventure des mousquetaires », a de son côté réagi Christine Kelly, la présentatrice de « Face à l'info ». « Fini le chroniqueur sur mon plateau, place à l'invité sur les plateaux. A ce soir 19h, pour la suite … », a-t-elle tweeté. On prête depuis plusieurs mois au polémiste de 63 ans une ambition présidentielle. Il a d'ailleurs affirmé samedi qu'il « n'avait pas peur » d'être éventuellement candidat, qu'il en avait « envie », mais qu'il voulait « choisir son moment ». Mercredi, le CSA avait demandé aux médias audiovisuels de « décompter », à partir du lendemain, ses « interventions » portant « sur le débat politique national ». Une décision qui semble avoir profité, au moins temporairement, aux audiences de la chaîne. CNews privée de sa clé de succès Jeudi, premier jour d'application de la décision du CSA, « Face à l'info » a ainsi rassemblé 852.000 téléspectateurs, selon Médiamétrie, contre 712.000 la veille, et 666.000 le mardi 7 septembre. De manière générale, CNews, qui a signé la meilleure progression du paysage audiovisuel français la saison dernière, s'impose comme la première chaîne d'information en début de soirée, portée par Eric Zemmour, recruté en 2019 en pleine polémique après une violente diatribe contre l'islam et l'immigration lors d'un rassemblement politique. Plusieurs voix se sont élevées ces derniers temps pour dénoncer la tribune offerte chaque jour à l'antenne à un potentiel candidat à la présidentielle. Le député écologiste ex-LREM Matthieu Orphelin avait notamment alerté le CSA sur la situation, devenue plus pressante alors que le polémiste annonçait le lancement de la campagne… de promotion de son livre, « La France n'a pas dit son dernier mot », à paraître jeudi. « Place maintenant au débat démocratique, à la régulière et dans les urnes ! », a réagi lundi M. Orphelin, saluant la décision de CNews. Zemmour et les poursuites en justice Eric Zemmour, qui a débuté en tant que journaliste, s'est fait connaître du grand public dans les années 2000 par ses interventions télévisées dans « On n'est pas couché » de Laurent Ruquier sur France 2. Ses prises de position lui valent régulièrement depuis une dizaine d'années des poursuites en justice. Plusieurs fois relaxé, il a toutefois été condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale. Depuis son arrivée sur CNews, les plaintes se sont multipliées à l'encontre de la chaîne et du polémiste. Le CSA a notamment sanctionné CNews d'une amende de 200.000 euros, en mars, pour « incitation à la haine » et « à la violence » après une diatribe à l'encontre des mineurs étrangers isolés, qualifiés de « voleurs », « assassins », « violeurs ». Des propos pour lesquels Eric Zemmour sera jugé le 17 novembre. Présent également dans la presse écrite, Eric Zemmour a travaillé principalement pour Le Figaro, qu'il a intégré en 1996. Il a annoncé début septembre sur Twitter cesser sa chronique hebdomadaire pour le quotidien afin de partir « à la rencontre des Français pour leur présenter (son) nouveau livre ». Il est également à l'affiche de l'émission politique de Paris Première, « Zemmour & Naulleau », censée reprendre le 29 septembre.