Le sulfureux polémiste d'extrême droite Eric Zemmour est en passe d'annoncer sa candidature à l'élection présidentielle mardi midi dans une vidéo, à l'issue d'une précampagne agitée et de premiers ressacs dans les sondages. « Un message aux Français » d'une dizaine de minutes sera « diffusé sur nos réseaux sociaux », suivi du 20h de TF1, a-t-on appris lundi soir auprès de son entourage. « Eric Zemmour se déclarera candidat ce mardi vers 12h00 et sera aussi au 20h de TF1 », a tweeté son responsable de la communication numérique Samuel Lafont. Après cette annonce, l'ancien éditorialiste du Figaro et de CNews âgé de 63 ans tiendra son premier meeting de campagne dimanche après-midi au Zénith de Paris. La CGT, Solidaires et des militants antifascistes ont déjà promis une manifestation pour faire « taire Zemmour », à 13h dans la capitale. Eric Zemmour « nous a vendu qu'il était le Trump français. C'est un Trump commandé sur Wish, cette plateforme de contrefaçons qui vend des trucs qui ne fonctionnent pas, qui sont faux », a cinglé mardi sur Europe 1 Gabriel Attal. Le porte-parole du gouvernement a dit se « poser des questions sur sa capacité à représenter notre pays » après la visite chahutée du polémiste à Marseille samedi qui s'est terminée par un échange de doigts d'honneur avec une passante. Un geste « fort inélégant », avait convenu Eric Zemmour le lendemain. Stanislas Rigault, qui anime « Génération Z », le mouvement de jeunesse du candidat, a reconnu sur BFMTV un moment « compliqué » à Marseille mais « ne pense pas que la dynamique va s'essouffler, on a un Zénith qui sera rempli ». Condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale, Eric Zemmour se déclare au moment où les sondages se tassent autour de 14 à 15% d'intentions de vote au premier tour, derrière le président sortant Emmanuel Macron (25%) et la candidate du RN Marine Le Pen (entre 19 et 20%). Et dans une période agitée pour son camp, où certains critiquent un déficit d'organisation ou l'omniprésence de sa conseillère Sarah Knafo. En se déclarant mardi parasite le processus d'investiture en cours chez les LR qui départagent de mercredi à samedi leurs cinq prétendants, après un dernier débat mardi soir, et l'entrée au Panthéon de Joséphine Baker. Il embarrasse également sa rivale d'extrême droite Marine Le Pen (RN), qui a déploré mardi sur Sud Radio qu'il « disperse des voix utiles au redressement du pays ». « Il n'apporte rien », a-t-elle dit, en critiquant notamment la « brutalité » de ses mesures sur l'immigration ou sa vision des femmes. Elle considère qu'il n'a pas fait « sa mue » en candidat et espère qu'il la « recentre ». Pour Sébastien Chenu (RN), sur BFMTV, « cette annonce est faite pour essayer de colmater les brèches, au moment où il enclenche une descente de son propre fait ». Les partisans de Zemmour se targuent d'avoir déjà pesé sur les thématiques de la campagne, particulièrement sur la lutte contre l'immigration, le sujet numéro 1 du polémiste, associé à ses critiques de l'islam, une « civilisation » qu'il juge « incompatible avec les principes de la France ». Adepte de la théorie complotiste du « grand remplacement » de la population européenne par des immigrés non européens, sa mesure la plus controversée vise à interdire de porter un premier prénom d'origine étrangère. Les polémiques se sont multipliées durant sa pré-campagne. Notamment quand Eric Zemmour a pointé un fusil vers des journalistes durant la visite d'un salon sur la sécurité ou s'est rendu devant le Bataclan, le jour de commémoration des attentats du 13-Novembre, pour accuser l'ancien président François Hollande de n'avoir « pas protégé les Français ». Ou quand il affirme, contre l'avis des historiens, que Pétain aurait « sauvé des juifs de France » pendant la Seconde Guerre mondiale. Jusque dans la couverture de son dernier ouvrage, « La France n'a pas dit son dernier mot », Eric Zemmour fait de l'ancien président américain Donald Trump une source d'inspiration, même s'il ne bénéficie pas du soutien d'un grand parti. La constitution d'un réseau sur le terrain sera d'ailleurs l'un de ses nombreux défis, ne serait-ce que pour obtenir les 500 parrainages d'élus nécessaires à une candidature à la présidentielle. Son camp assure s'appuyer sur 250 à 300 promesses de parrainages. Il lui faudra aussi récolter des dons pour sa campagne, alors qu'il a déjà perdu le soutien du financier Charles Gave, qui lui a prêté 300.000 euros. Le polémiste est en outre accusé d'agressions sexuelles selon plusieurs témoignages de femmes recueillis par Mediapart. Mais aucune plainte n'a été annoncée contre lui.