Des milliers de morts selon la presse britannique, passeports confisqués, tromperie sur la rémunération, travail forcé, les chantiers de la Coupe du monde 2022 renferment le lent déclin de centaines d'ouvriers. Au Qatar, des centaines d'ouvriers immigrés participant à la construction des stades de la Coupe du monde de football qui se tiendra au Qatar en 2022 ont souffert d'abus flagrants et systématiques, y compris de travail forcé, selon plusieurs rapports internationaux dignes de foi. Les conditions de vie intenables des migrants travaillant au Khalifa International Stadium ont été épinglées par plusieurs instances mondiales qui ont documenté la souffrance d'ouvriers venus principalement du Bangladesh, d'Inde et du Népal. L'Organisation internationale du travail (OIT) a dévoilé des chiffres le 19 novembre, faisant état de 50 travailleurs immigrés morts au Qatar en 2020, et plus d'un demi-millier grièvement blessés. En 2013, une grande enquête du Guardian a évoqué des éléments attestant la souffrance des ouvriers étrangers, du travail forcé – parfois par 49 °C –, un refus d'accès à l'eau potable – pourtant gratuite – et des violations sans nombre des normes internationales en matière de droit des travailleurs. Dans des conditions sanitaires assez préoccupantes, certains de ces ouvriers étrangers tombent souvent malades. Selon des rapports, des centaines de personnes ont assuré que leurs salaires étaient inférieurs à ce qu'on leur avait promis avant de partir au Qatar. Nombre d'entre eux n'ont eu d'autre choix que s'assujettir à la réalité car ils s'étaient endettés, parfois à hauteur de 4 600 dollars, pour entrer dans le Golfe. D'autres n'ont pas été payés pendant des mois et ont été hébergés dans des camps rudimentaires privés de tout. La plupart des travailleurs ont par ailleurs vu leurs passeports confisqués, en violation de la loi qatarie, précise selon, plusieurs ONG telles que Amnesty. Plusieurs institutions sportives européennes ont mis en avant l'absolue détresse des travailleurs immigrés au Qatar, et cette thématique a également été soulevée par plusieurs personnalités emblématiques du monde sportif comme le champion du monde de F1 Lewis Hamilton lors du Grand Prix du Qatar. Après les équipes de Norvège et d'Allemagne de football, celle des Pays-Bas a arboré, récemment, un tee-shirt portant la mention «Le football soutient le changement» en faveur des droits humains dans l'émirat. Plus de deux millions d'étrangers travaillent au Qatar, dont une grande partie est engagée directement ou indirectement pour les vastes projets liés à la Coupe du monde. Les démarches pour dénoncer la situation des travailleurs migrants au Qatar se multiplient depuis quelques semaines C'est la publication, le 23 février 2021, d'une enquête du Guardian qui a déclenché ce mouvement sans pareil : le quotidien britannique a rapporté qu'au moins 6 500 travailleurs migrants, travaillant la plupart sur des chantiers liés au Mondial 2022, ont trouvé la mort au Qatar depuis que le pays a obtenu, en décembre 2010, l'organisation de la compétition. Les petites mains des stades, comptabilisées à 28 000 personnes en 2020, sont d'origine asiatique et africaine. Les autorités qataries dépeignent les morts qui les déciment comme dues à une «insuffisance cardiaque» ou une «insuffisance respiratoire». Ces formules fourre-tout faisant redouter une absence d'investigation post-mortem.