Le gouvernement les accuse d'«ingérence», la crise humanitaire dans la région en guerre du Tigré étant régulièrement dénoncée par les organisations onusiennes. Le secrétaire général de l'ONU s'est dit «choqué» par cette décision. Sept responsables d'agences de l'ONU accusés d'«ingérence» vont être expulsés, a annoncé jeudi 30 septembre le gouvernement d'Ethiopie, où la crise humanitaire dans la région en guerre du Tigré est régulièrement dénoncée par les organisations onusiennes. Le ministère éthiopien des affaires étrangères a déclaré «persona non grata sept personnes travaillant pour diverses ONG internationales en Ethiopie, pour ingérence dans les affaires internes du pays», a-t-il annoncé sur Facebook. «En vertu des lettres adressées à chacun des sept individus (...), tous doivent quitter le territoire de l'Ethiopie dans les soixante-douze prochaines heures», ajoute le ministère, citant les noms de sept responsables d'agences de l'ONU, dont le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) et le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit «choqué» par cette décision, assurant que «toutes les opérations humanitaires des Nations unies sont guidées par les principes fondamentaux d'humanité, d'impartialité, de neutralité et d'indépendance». Les Etats-Unis, eux, «condamnent avec la plus grande force» ces expulsions, a déclaré jeudi la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki. Washington «n'hésitera pas» à «utiliser tout outil à sa disposition», a-t-elle ajouté en rappelant que les autorités américaines avaient la possibilité de prendre des sanctions financières contre les protagonistes du conflit ravageant le nord de l'Ethiopie. La guerre fait rage depuis plus de dix mois au Tigré, où le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a envoyé l'armée pour renverser les autorités régionales issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qu'il accuse d'avoir orchestré des attaques contre des camps militaires fédéraux. «Un blocus de facto» Les combats ont perturbé les récoltes dans cette région septentrionale qui se trouvait déjà en situation d'insécurité alimentaire. Certains combattants ont aggravé encore la situation en bloquant et pillant l'aide alimentaire. L'ONU alerte depuis plus de trois mois sur le fait que quelque 400 000 personnes à travers le Tigré ont «franchi le seuil de la famine». Le TPLF a repris la majeure partie du Tigré à la fin juin. Les forces gouvernementales s'étaient alors pour la plupart retirées, et le bureau d'Abiy Ahmed avait annoncé un cessez-le-feu humanitaire. Mais très peu d'aide est arrivée dans cette région, soumise à «un blocus de facto», avait estimé au début de septembre le coordinateur humanitaire par intérim de l'ONU pour l'Ethiopie, Grant Leaity, qui figure parmi les personnes expulsées. Selon les Etats-Unis, moins de 10 % de l'assistance humanitaire nécessaire a pu être acheminée en août. Addis-Abeba et le TPLF s'accusent mutuellement d'entraver l'acheminement de l'aide et d'affamer la population. La semaine dernière, l'ONU a affirmé que des centaines de camions d'aide humanitaire n'étaient «pas revenus» du Tigré. Après plusieurs reports, des élections législatives se tiennent ce jeudi dans trois régions d'Ethiopie, dernière étape du scrutin avant qu'Abiy Ahmed forme un nouveau gouvernement, la semaine prochaine.