Dix-huit millions d'électeurs sont appelés aux urnes mercredi pour un triple scrutin (communal, régional et législatif). L'enjeu principal est de savoir si les islamistes impopulaires, feront partie de la prochaine coalition. Il a promis une campagne électorale originale pour les législatives de septembre. Pour ses partisans, c'est une rock-star. «Le président du RNI brigue la mairie détenue par les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD) depuis 2015 et présente des candidats aux législatives sur tout le territoire afin de se positionner comme futur chef de gouvernement. S'il y parvenait, il mettrait fin à dix ans de cohabitation» avec les islamistes, écrit le journal français L'Opinion. Les adversaires du PJD «dénoncent l'incurie des cadres islamistes, dont les candidats ont été hués à Rabat, Casablanca, Meknès, Fès, Agadir. Des villes dont ils dirigent pourtant les mairies.» «Ils n'ont pu mettre en place les réformes promises, explique un analyste au journal français. Le parti s'est affadi, a perdu de son attrait à l'épreuve du pouvoir. Certains de ses membres, qui prônaient la vertu, n'ont pas échappé à la rubrique des faits divers. Il y a aujourd'hui des attentes de la population qui peuvent être comblées par des personnalités issues du monde des affaires.» Investissant un auditorium d'un palace à Agadir, Aziz Akhannouch n'a cessé de pointer le morne bilan de «ceux qui passent leur temps à se lamenter». Aziz Akhannouch est aujourd'hui perçu comme la principale menace par les islamistes. «Abdel-Ilah Benkiran, l'ex-leader populaire du PJD, est sorti du bois dimanche pour l'attaquer pendant 25 minutes lors d'un live Facebook, l'accusant d'être derrière l'augmentation des prix du carburant, un secteur dans lequel opère son groupe familial. Aziz Akhannouch n'a pas répondu, préférant se concentrer sur la déclinaison de son programme économique et social» précise le journal. Bâtisseur, «il s'est attaché depuis 2016 à restructurer le RNI : enrôlement des militants, création d'organisations ciblées (femmes, jeunes, avocats, taxis...), mise en place d'une stratégie numérique pour séduire notamment les 2,5 millions de nouveaux électeurs» rappelle-t-on. «Depuis l'immixtion des islamistes dans le jeu, les élections se jouent toutefois davantage dans des campagnes de proximité, autour des moyens attribués pour relever les défis locaux. La transparence des urnes s'est renforcée» reconnaît-t-on. «Le RNI a organisé une tournée dans cent villes du royaume pour recueillir les doléances des Marocains. Il défend le bilan de ses ministres et met l'accent sur l'économique et le social. En 2011, le Printemps arabe a ébranlé le royaume. Le roi a réagi en instaurant une instance consultative dont les travaux ont débouché sur une nouvelle constitution censée donner plus de pouvoirs aux acteurs politiques. Mais les islamistes n'ont pas réussi à tirer toutes les potentialités de la loi fondamentale, préférant justifier leur inaction ou leurs échecs» mentionne-t-on. «Le roi Mohammed VI donne l'impulsion, confie Aziz Akhannouch. Il transcende les clivages et le temps. Nous avons la chance d'avoir un roi stratège et visionnaire. Au-delà de savoir qui va gouverner, l'enjeu est de traduire son énergie et ses priorités dans une action gouvernementale de terrain.» «Aujourd'hui, l'objectif de Mohammed VI est de réduire les disparités sociales et de relancer les activités sur la base du nouveau modèle de développement, notamment à travers une architecture institutionnelle repensée, fixant les règles de collaboration entre la sphère royale et le futur gouvernement» a-t-on conclu.