Des marches contre le régime ont eu lieu à Kherrata, berceau du mouvement du Hirak, et à Béjaïa, ce mercredi. Les dénonciations des abus des forces de l'ordre, également par de multiples vidéos sur les réseaux sociaux, ont aggravé la colère des protestataires. Des dizaines de personnes ont manifesté, mercredi 1er septembre, dans l'est de l'Algérie à Kherrata, le berceau du Hirak, pour protester contre le chômage et la précarité. Selon nos sources, les forces de sécurité ont usé de gaz lacrymogène et de canons à eau pour empêcher la progression de personnes participant à une marche réclamant un changement de régime et un développement social et économique. La police, en grand nombre, ont encerclé le point de départ de la marche, et ont dispersé la foule sans ménagement. Des manifestants qui s'apprêtaient à y participer, ont été bousculés et interpellés, ont constaté nos sources et des témoins sur place. La mobilisation dans cette région se maintient aussi contre la répression policière et pour un changement de cap au gouvernement face à une pauvreté accrue, aux inégalités, à la corruption et à une recrudescence de tous les maux. Parallèlement aux manifestations quotidiennes, qui après la tombée de la nuit dégénèrent parfois en affrontements avec la police antiémeute, des pénuries de tous genres se font sentir. C'est dans la ville de Kherrata, à 300 kilomètres de la capitale Alger, qu'une première mobilisation spontanée avait réunie, le 16 février 2019, des milliers de personnes contre un cinquième mandat présidentiel d'Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis vingt ans. Une semaine plus tard, le 22 février 2019, la contestation avait gagné la capitale, puis le reste du pays, donnant naissance à un mouvement inédit, réclamant «le démantèlement du système» en place depuis 1962. Cette manifestation survient aussi dans un climat de crispation du régime, confronté à une crise politique, sanitaire et socio-économique et qui a accentué ses représailles à l'égard de l'opposition. Abdelmadjid Tebboune se trouve à la tête d'un pouvoir en déficit de légitimité, avec des institutions bloquées et des indicateurs à bout de souffle, dans un pays tributaire des cours du marché pétrolier, qui voit fondre ses réserves de change mais également ses options de sortie de crise.