Un été bien difficile s'annonce pour le président mal élu Tebboune, imposé au peuple algérien avec quelque 4 millions de voix sur plus de 24 millions d'inscrits sur les listes électorales. Les invitations aux urnes que le locataire de la Mouradia initie ne cessent de traduire le désaveu des Algériens pour ses propositions politiques : le taux officiel de participation du referendum constitutionnel dès son élection a révélé le bas record de 23% jamais atteint auparavant en Algérie ; les élections législatives du 12 juin dernier , un taux de 30,20% enregistrant encore une fois un record au score le plus faible en 20 ans pour des législatives, selon le président de l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE). Les chiffres n'ont jamais fait peur à un pouvoir qui n'est pas concerné non plus par l'indice de démocratie mondial (établi par l'Economist intelligence Unit depuis 2006, il révèle que l'Algérie a été rétrogadée dans la catégorie des «régimes autoritaires», avec un indice de démocratie s'élevant à 3,77 sur 10, se classant dans le 115e position sur 167 pays). Dès son élection Tebboune avait donné le ton sur le plan interne. L'une de ses premières décisions judiciaires a été de disculper son fils, le seul au milieu d'un vaste réseau de trafic de drogue, et de durcir le ton vis-à-vis du Hirak, dont la répression a atteint des sommets jamais égalés sous Bouteflika, celui-là même que ce mouvement contestataire a fini par chasser. En témoigne le Hirak lui-même, les inquiétudes des gouvernants à l'international et les ONG qui rappellent que 273 militants croupissent dans les prisons, une des rares statistique en Algérie qui monte en flèche, avec celle des candidats à la migration clandestine en Europe. A peine ses quartiers pris à la Mouradia, que Tebboune s'entoure de ses amis proches, restés fidèles lors de sa traversée du désert politique de 2017 à son élection. Le reste des conseillers se fait parmi les apparatchiks du système. Montrant clairement que le nouveau pouvoir se dresse, à l'instar de l'ancien, contre le changement en profondeur que continue de réclamer le Hirak. Cependant, Tebboune commet quelques impairs. Tout d'abord vis -avis de son protecteur Chengriha. Le général place son ami de toujours le général-major Abdelaziz Medjahed en février 2020 en tant que conseiller à la Sécurité et aux Affaires militaires. Tebboune s'en débarrasse le mois de septembre suivant, au grand dam de Chengriha qui en fait une interface entre le président et les militaires d'une autre manière : il le nomme le 17 du même mois, directeur général de l'Institut national d'étude de stratégie globale. Empêtrée dans la crise politique que dessine le faible taux de participation historique des législatives du 12 juin, l'Algérie voit une sévère pénurie d'eau s'abattre sur elle. Une situation et une gestion de la population en colère qui montre les limites d'un pouvoir hésitant à prendre les mesures sociales et économiques qui s'imposent. Le media online TSA soutenait il y a une semaine déjà, que les solutions pour éviter ces coupures d'eau auraient pu être prises en amont huit mois auparavant. Face à Tebboune, le vrai pouvoir central qui est militaire et représenté par Chengriha, jusque-là occupé par un discours va-t'en-guerre à l'international, contre la France et le Maroc, se rend finalement compte que cette stratégie ne remplit pas les jerrican d'eau ni les panses. Pour maintenir ce président bien gênant, peut être devra-t-il demander à son ami Medjahed de concocter un plan stratégique de sortie de crise interne. Pour que le bateau algérien ne prenne pas l'eau de toute part. Mais que l'on ne s'y trompe pas, Saïd Chengriha, ainsi que le soutient l'historien spécialiste de la question, Jean-Pierre Filiu, «choisit de relancer la guerre des mémoires pour conforter un statu quo qui est favorable depuis la fin de la guerre d'Algérie aux généraux algériens. Ce choix se fait a contrario des revendications du mouvement de protestation Hirak, dont l'une des exigences est celle d'un gouvernement pleinement civil, enfin émancipé de la tutelle militaire. Ce serait dans cette optique que Chengriha s'efforce de caricaturer la contestation populaire en « complot de l'étranger », dont la France serait l'inspiratrice. Il balaie ainsi les gestes déjà accomplis par le président français Emmanuel Macron en vue d'une réconciliation des mémoires entre la France et l' Algérie » Ensuite en pleine visite en Russie, il a déclaré toujours dans le sillage de la même doxa favorable au régime musclé militaire, sa haine du Maroc et son soutien, comprenez son financement au polisario, organisation dont les méthodes s'apparentent aux guerillas terroristes. Car pour ne parler que des dernières actions de ce mouvement, au blocage de la zone tampon de Guergarate à l'encontre des recommandations par les Nations unies et à la rupture du cessez-le-feu, s'ajoute la longue liste des plaintes des associations contre le leader Brahim Ghali de cette milice : à commencer par l'Association canarienne des victimes du terrorisme en passant par l'Association sahraouie pour la défense des droits de l'Homme, sans parler des plaintes individuelles dont celle du politologue Pedro Ignacio Altamirano, porte-parole du «Groupe international de soutien à la réunification sahraouie», victime de menaces de morts,transférée devant l'Audience nationale, la plus haute juridiction pénale espagnole.