Grands favoris des prochaines élections qui marqueront la fin de l'ère Merkel, les conservateurs allemands ont dévoilé lundi leur programme, qui écarte toute hausse d'impôts, prône la rigueur budgétaire et veut faciliter les minijobs. Après s'être livré une lutte sans merci pour mener le camp conservateur au scrutin législatif du 26 septembre, Armin Laschet, le candidat finalement choisi, et Markus Söder, son populaire rival bavarois, ont présenté ensemble le programme lundi lors d'une conférence de presse. Le texte de 139 pages avait été adopté dans ses grandes lignes dès dimanche dans le huis clos de la direction de l'union conservatrice CDU-CSU. Le temps pressait : les chrétiens-démocrates sont les derniers à abattre leurs cartes et dévoiler ce qu'ils comptent faire s'ils restent aux commandes de l'Allemagne, après déjà 16 ans de règne d'Angela Merkel. La chancelière a donné lundi un bon point au programme qui acte, d'après elle, le fait que le monde post-pandémie vit un «changement d'ère», selon des participants à une réunion de la CDU. Boulettes vertes L'affaire paraît plutôt bien engagée pour les conservateurs : après plusieurs mois de baisse, qui les ont vus un temps devancés par les écologistes, ils sont de nouveau solidement installés en tête des intentions de vote, avec environ 30 %, selon les sondages. Bien qu'impopulaire, M. Laschet, président de la CDU et dirigeant de la région la plus peuplée, la Rhénanie du nord-Westphalie, a en particulier bénéficié des boulettes commises par les Verts, ses adversaires les plus dangereux. Les «Grünen» et leur candidate, Annalena Baerbock, sont en nette perte de vitesse à 20 %, contre plus de 25 % il y a quelques semaines. Diverses bourdes ainsi qu'un impopulaire plaidoyer en faveur d'une hausse du prix de l'essence – dans un pays où l'automobile est reine – ou de restrictions sur les vols aériens bon marché ont coûté en popularité aux écologistes. «Avec les Verts nous aurions de grandes incertitudes dans le pays, une politique idéologique et de nombreuses interdictions», met en garde Markus Söder. Néanmoins, la droite allemande ne veut pas aller trop loin dans ses critiques contre les écologistes qui, au vu des sondages, pourraient être partenaires de la future coalition gouvernementale, peut-être élargie aux Libéraux allemands du FDP. Candidat roué, M. Laschet peut désormais compter sur un camp qui semble parvenu à étouffer ses querelles d'ego et entend profiter d'un climat de reprise post-pandémie pour rester au pouvoir quatre années de plus. Dans leur programme dit de «stabilité et de renouveau», les conservateurs s'opposent à toute hausse d'impôt malgré un niveau sans précédent d'endettement lié à la pandémie. «Après la pandémie, les augmentations d'impôts ne sont pas la bonne voie à suivre», stipule le document des conservateurs. Des hausses d'impôts feraient «obstacle à la reprise nécessaire de notre économie». Diesel préservé Les conservateurs restent aussi attachés au retour à la stricte rigueur budgétaire après la pandémie, tant au plan national qu'européen. «Nous devons investir dès maintenant avec audace. Cela coûte de l'argent», a réagi Mme Baerbock. La recette pour concilier absence de pression fiscale renforcée et baisse du déficit reste à ce stade assez floue, d'autant que les conservateurs écartent tout recul supplémentaire de l'âge de la retraite, déjà à 67 ans. Le mécanisme des minijobs, des emplois à temps très partiel, particulièrement touchés par les restrictions sanitaires, va lui être développé. Les conservateurs entendent porter la limite de rémunération à 550 euros, ce qui devrait stimuler l'intérêt des employeurs pour ce dispositif créé par les sociaux-démocrates en 2002. Sur le climat, les conservateurs reprennent à leurs comptes dans leur programme l'objectif national de l'Allemagne, récemment rappelée à l'ordre par la Cour de justice de l'Union européenne, d'une neutralité carbone en 2045. Côté international, le programme se veut résolument atlantiste et pro-européen. Il entend contrer les tentations hégémoniques de la Chine et refuse toute idée d'adhésion de la Turquie à l'UE.