Grogne face aux ratés de la gestion de la pandémie, scandales: Angela Merkel et les conservateurs allemands voient leur popularité chuter à une semaine d'élections régionales ayant valeur de test en vue des législatives de fin septembre. Le parti démocrate-chrétien (CDU) de la chancelière et son allié chrétien-social bavarois CSU ne recueillent plus que 32% des intentions de vote, soit moins que lors des dernières élections législatives de 2017 (32,9%), selon un sondage publié dimanche par le quotidien Bild. Il s'agit d'une baisse de deux points en une semaine et aussi du niveau le plus bas atteint depuis un an par cette famille politique. Et pour Angela Merkel, au pinacle de sa popularité il y a un an durant la première vague du Covid-19, les prochains mois jusqu'aux élections générales du 26 septembre risquent d'assombrir la fin de sa carrière politique. «La CDU va-t-elle sombrer dans le marais du corona?», s'interroge dimanche le quotidien populaire Bild. «Chute dans les sondages, corruption à a chambre des députés, débâcle sur les vaccins. Pendant longtemps la CDU et la CSU ont été les vainqueurs de la crise du corona (…) C'est terminé», juge-t-il. Dernier écueil en date: deux députés de sa famille politique sont suspectés de s'être enrichis à la faveur de la pandémie en encaissant des commissions de plusieurs centaines de milliers d'euros pour avoir servi d'intermédiaires de fabricants dans l'achat de masques anti-Covid par les autorités. L'un d'eux, Nikolas Löbel (CDU), a annoncé dimanche qu'il quittait la politique. «J'endosse la responsabilité de mes agissements et en tire les conséquences», a-t-il dit. L'autre, Georg Nüsslein (CSU), est visé par un enquête pour corruption par le parquet. Il aurait perçu 600.000 euros. «Ceux qui utilisent les souffrances des gens pour se remplir les poches n'ont pas leur place au Parlement!», a condamné le mouvement des Jeunes de la CDU sur twitter. Le revers de fortune pour les conservateurs d'Angela Merkel est spectaculaire. Il y a un an, ils trônaient encore à presque 40% d'intentions de vote lors de la première vague de la pandémie, à un moment où l'Allemagne faisait figure en Europe de bon élève face au Covid-19. Depuis, le pays est à la traîne. La campagne de vaccination est jugée par l'opinion beaucoup trop lente (environ 5% de la population en a jusqu'ici profité), la distribution promise de tests antigéniques est chaotique et la grogne contre les mesures de restrictions ne ce cesse d'enfler, même si Berlin a commencé à les assouplir. Ce qui avait la force de l'Allemagne durant la première vague, son système fédéral et décentralisé permettant une gestion au plus près de la pandémie, s'est transformé en handicap avec des conflits permanents entre gouvernement central et régions et de nombreux obstacles bureaucratiques. Quelque 47% des Allemands se disent désormais insatisfaits du travail du gouvernement, contre 43% qui l'approuvent, selon le sondage de Bild réalisé par l'institut Kantar. C'est le ministre de la Santé Jens Spahn, étoile montante de la CDU, considéré il y a quelques semaines encore comme un possible successeur d'Angela Merkel, qui concentre les critiques. «Cela suffit Monsieur Spahn! Le ministre de la Santé devrait démissionner. Pas assez de masques, pas assez de vaccins, des tests antigéniques qui arrivent trop tard. La crise prend des allures de farce et doit entraîner des conséquences», a jugé l'hebdomadaire Der Spiegel cette semaine. Deux mouvements opposés aux restrictions anti-Covid en profitent dans les intentions de vote: l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) qui progresse à 10% et le parti libéral FDP, à 9%. Ce climat est une mauvaise nouvelle pour la chancelière à une semaine de deux élections régionales, en Bade-Wurtemberg et Rhénanie-Palatinat, en forme de test avant les législatives. Dans les deux cas, la CDU est donnée perdante dans les sondages, devancée par les écologistes dans le premier Land et par les sociaux-démocrates dans le deuxième.