Les deux partis vainqueurs des législatives en Algérie, le Front de libération nationale (FLN) et les islamistes du mouvement de la société pour la paix (MSP), se sont félicités mercredi du résultat du scrutin malgré une abstention record, le MSP envisageant d'entrer au gouvernement. «Nous sommes la première force politique au Parlement», a martelé le secrétaire général du FLN, le parti au pouvoir, Abou El Fadhl Baadji, lors d'une conférence de presse à Alger. «Ceux qui rêvaient de mettre le parti au musée sont complètement abasourdis», a raillé le chef de l'ex-parti unique. Nombreux étaient ceux qui avaient demandé de dissocier le FLN -le parti incarnant la lutte pour l'indépendance- du parti aujourd'hui associé à la corruption et à l'autoritarisme du règne de l'ex-président Abdelaziz Bouteflika. «Le peuple algérien ne déteste pas le FLN. Il déteste des personnes au sein du FLN. Nous avons traité le mal en changeant de discours et de responsables», a plaidé M. Baadji, dont la candidature avait été rejetée parce qu'il n'aurait pas répondu à sa convocation pour le service militaire, selon les médias locaux. Le chef du FLN a refusé de parler d'alliance avec d'autres partis tant que les résultats ne sont pas définitifs mais il a annoncé que des élus des listes indépendantes avaient demandé à rejoindre son parti. Le FLN arrive en tête devant un groupe disparate d'indépendants, le MSP et un vieil allié proche du pouvoir, le Rassemblement national démocratique (RND). Le président du MSP, Abderrazak Makri, s'est dit «très heureux» des «résultats historiques». Son parti (conservateur modéré) enregistre une avancée en gagnant une trentaine de sièges. M. Makri a regretté de ne pas avoir obtenu la majorité pour mettre en œuvre «des mesures de pacification», comme «la libération des détenus d'opinion, la liberté d'expression, l'indépendance de la justice et la liberté d'association». Il a ajouté que son parti étudierait «une proposition» de participer au prochain gouvernement. «Nous allons vers la construction d'un contrat national qui aboutira à un gouvernement d'union nationale.» Signe du fort désintérêt des Algériens, le taux de participation, à 23,03%, est le plus bas de l'histoire du pays, toutes élections confondues, selon l'ANIE. Mais pour le président du MSP, la réticence des Algériens à voter est due aux «fraudes lors des précédentes élections», sous l'ex-président Abdelaziz Bouteflika poussé, après 20 ans au pouvoir, à la démission en 2019 par un mouvement de contestation inédit qui réclame un changement du «système» politique. Légaliste, le MSP, proche des Frères musulmans, rejette toute accointance avec l'ex-Front islamique du Salut (FIS, dissous) et le «terrorisme islamiste» de la guerre civile (1992-2002). Du reste, il a participé sans interruption aux gouvernements algériens de 1996 à 2011.