Parmi les points de friction entre Rabat et Berlin qui enveniment les relations entre les deux pays, figure la position de l'Allemagne sur le Sahara. Les autorités allemandes ont commenté négativement la décision américaine de reconnaître la souveraineté du Maroc sur ce territoire. L'accord de coopération entre le Maroc et l'Allemagne afin de «développer le secteur de la production d'hydrogène vert et à mettre en place des projets de recherche et d'investissement dans l'utilisation de cette matière» a été suspendu par les autorités marocaines, a affirmé le média en ligne Atalayar. La révocation de l'accord signé en juillet 2020 «aurait un contrecoup direct sur l'Allemagne dans son plan de neutralité énergétique après s'être fixé un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 65% d'ici 2030» rapporte la même source, alors que Berlin tente de consacrer un arbitrage intertemporel entre réduction des émissions environnementales et développement économique de la filière hydrogène. «Cette décision est parvenue jusqu'au Bundestag allemand lui-même, où des députés du Parti libre-démocrate (FDP) se sont interrogés sur la portée que cette démarche pourrait avoir sur les questions énergétiques» indique Atalayar. En réponse, le ministère des Affaires étrangères allemand a déclaré que «l'alliance germano-marocaine relative à l'hydrogène repose sur une longue et fructueuse coopération et sur un partenariat énergétique, lesquels continuent d'être d'intérêt mutuel du point de vue du gouvernement fédéral, mais elle est mise à l'épreuve en raison des développements politiques actuels». En ce sens, les deux pays ont donné le feu vert à la réalisation de deux nouveaux projets. Une première a été le «Power-to-X» visant à développer la production d'hydrogène vert et proposé par l'Agence marocaine de l'énergie solaire (Masen) ainsi que la mise en place d'une plateforme de recherche pour le développement du projet. Le second serait axé sur le transfert de connaissances et le renforcement des capacités en association avec l'Institut de recherche sur l'énergie solaire et les nouvelles énergies (Iresen). Au total, l'Allemagne a alloué 2 000 millions d'euros au développement de projets à l'étranger afin de lui permettre d'atteindre ses objectifs de neutralité énergétique. Le porte-parole du Parti libéral-démocrate pour la politique de développement, Christoph Hoffmann, a déclaré qu'«alimenter un contexte hostile contre le Maroc affectant les projets d'hydrogène vert n'est pas dans l'intérêt de l'Allemagne». D'autre part, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a estimé qu'il était nécessaire de se rendre au Maroc pour apaiser les tensions. Le Maroc avait annoncé, le 6 mai, le rappel de son ambassadrice à Berlin pour consultation, en dénonçant dans un communiqué officiel les «actes hostiles» de l'Allemagne, notamment sur le dossier du Sahara. Le texte dénonce notamment l'«activisme antagonique» de Berlin après la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur ce territoire. Rabat avait décidé début mars de «suspendre tout contact» avec l'ambassade d'Allemagne au Maroc, en raison de «malentendus profonds» avec Berlin sur différents dossiers, dont la question du Sahara. Berlin avait tenté de clarifier les choses, mais toutes les activités bilatérales sont restées au point mort depuis. Le récent communiqué publié par Rabat évoque aussi «l'acharnement continu [de l'Allemagne] à combattre le rôle régional du Maroc, notamment sur le dossier libyen». Le Maroc n'avait pas été invité à participer aux négociations sur l'avenir de la Libye, menées à Berlin en janvier 2020.