«En me tenant, avec humilité et respect, à vos côtés, je viens reconnaître nos responsabilités», a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron à Kigali, tout en affirmant que la France n'avait «pas été complice» du génocide ayant fait plus de 800 000 morts en 1994 au Rwanda. Le président français Emmanuel Macron n'a pas présenté d'«excuses», comme le réclamaient certains responsables rwandais et français, mais il a déclaré espérer que ceux qui «ont traversé la nuit» du génocide des Tutsi puissent «nous faire le don de nous pardonner», des propos rapportés par le site Courrier International. Il y a vingt-sept ans, le Rwanda fut le théâtre sanglant d'un des plus cruels génocides du xxe siècle. Exécuté par le gouvernement intérimaire rwandais (GIR) guidé par des extrémistes hutu, sur les Tutsi et des Hutu opposés au massacre. Les faits, répondant aux critères de définition les plus exacts du terme «génocide» ont contribué à l'extermination de quelque un million d'individus. La commémoration du génocide tutsi chaque année a également relancé en France une polémique sans cesse renouvelée et lancinante sur les responsabilités engagées dans ces événements. M. Macron a prononcé cette allocution au début de sa première visite au Rwanda, après avoir visité le mémorial où reposent les restes de plus de 250 000 victimes du génocide, sur une colline de Kigali. Il était ensuite attendu par son homologue Paul Kagame pour un entretien et une conférence de presse commune, au cours de laquelle le président rwandais devrait réagir au discours. Egide Nkuranga, le président de la principale organisation de rescapés Ibuka, a regretté que le président français n'ait «pas présenté clairement des excuses au nom de l'Etat français» ni «même demandé pardon». Mais «il a vraiment essayé d'expliquer le génocide et la responsabilité de la France. C'est très important, ça montre qu'il nous comprend», a-t-il ajouté. La France a fait «trop longtemps prévaloir le silence sur l'examen de la vérité», a-t-il regretté en s'adressant à une centaine de personnes. Pour Emmanuel Macron, la France n'a cependant «pas été complice» des génocidaires, ce qu'avait également conclu le rapport d'historiens dirigé par Vincent Duclert remis en mars. «Les tueurs qui hantaient les marais, les collines, les églises n'avaient pas le visage de la France», a-t-il déclaré. «Le sang qui a coulé n'a pas déshonoré ses armes, ni les mains de ses soldats qui ont eux aussi vu de leurs yeux l'innommable, pansé des blessures, et étouffé leurs larmes». Mais «au lendemain, alors que des responsables français avaient eu la lucidité et le courage de le qualifier de génocide, la France n'a pas su en tirer les conséquences appropriées», a-t-il poursuivi dans son discours. «En voulant faire obstacle à un conflit régional ou une guerre civile, elle restait de fait aux côtés d'un régime génocidaire. En ignorant les alertes des plus lucides observateurs, la France endossait une responsabilité accablante dans un engrenage qui a abouti au pire, alors même qu'elle cherchait précisément à l'éviter», selon lui. Le président français s'est engagé «à ce qu'aucune personne soupçonnée de crimes de génocide ne puisse échapper à la justice», alors que plusieurs d'entre elles résident en France.