Le système politique algérien, dont le Hirak demande le démantèlement immédiat et la fin de l'emprise du commandement militaire sur le pays, est miné par les «guerres des clans» et une flambée des rivalités interpersonnelles dans un contexte où les institutions algériennes sont défaillantes et délégitimées, dévoile notre confrère Maghreb Intelligence qui cite une note secrète de la CIA (agence centrale de renseignement américaine). Le régime algérien, ankylosé, qui ne fonctionne que pour garantir la perpétuation du pouvoir entre les mains d'une petite élite militaire et civile réputée corrompue, mène le pays vers l'abîme. «Le tableau est très sombre», tranche un diplomate américain qui a eu accès à un document classé confidentiel des services de renseignements américains. «La note partagée dans un cercle très restreint entre la Maison blanche et le Département d'État dépeint une situation calamiteuse de ce grand pays du Maghreb», écrit notre confrère Maghreb Intelligence. Le président Tebboune, qui veut instaurer sa nouvelle République, use de moyens détournés et artificieux en arguant de tous les motifs imaginables pour calmer la fronde populaire. Des revendications multiples s'expriment en Algérie et parlent d'une confiscation du pouvoir. Ce dernier refuse toute libéralisation politique, le commandement militaire est décrié, les entraves à la liberté d'expression et de réunion se multiplient et les possibilités d'action de l'opposition, toutes tendances confondues, deviennent de plus en plus rares. «Les rédacteurs du document qui ont observé, depuis plus d'une année, très minutieusement les développements politico-sociaux que connaît l'Algérie ont surtout épinglé l'immobilisme politique qui frappe aujourd'hui le pays, et qui est dû non seulement à la pandémie de la Covid-19, mais aux ratages et contradictions qui semblent devenir une constante du régime en place» notre la même source, qui ajoute qu'«après l'éclatement du Hirak en février 2019, le cœur du pouvoir algérien, qui a vacillé sans tomber, a plongé dans le tâtonnement» et que «les multiples clans du pouvoir se livrent depuis quelques années à une véritable guerre interne avec des rebondissements qui n'en finissent pas». On précise que «l'armée, véritable matrice du pouvoir algérien, n'est pas un bloc monolithique. Le clan du général Chengriha, patron de l'armée, est en train de démanteler le système bâti entre 2015 et 2019 par son prédécesseur le général Gaïd Salah». Cette guéguerre entre grosses pontes militaires, a-t-on indiqué, «a eu pour effet, selon le renseignement américain, d'enkyster l'appareil de l'Etat algérien, principalement la présidence et le gouvernement.» Un arsenal juridique a été mis en place, en flagrante contradiction avec les normes de droit international, pour museler les voix dissidentes. Les textes promulgués, les nombreux arrêtés interministériels, les circulaires adressées un peu partout, tout cela prouve la faiblesse du régime en place, représenté par Abdelmadjid Tebboune, «un président mal élu, impopulaire et sans aucun charisme». «La présidence est secouée par des tensions entre les différents conseillers du président. Entre hésitations, absence et approximations, les Algériens se sentent complétement perdus. Les chancelleries étrangères également, rapportent les observateurs américains», avance notre confrère. En sus des dérives du présidentialisme algérien, les cafouillages du gouvernement sont intarissables. «Alors que la pandémie frappe le pays de plein fouet, les autorités gouvernementales manquent de perspicacité. Sous pression, le gouvernement n'arrive pas à approvisionner le pays en masques et en respirateurs artificiels. Les chiffres des cas d'infections annoncés sont en deçà de la réalité. L'Algérie est en pleine crise, en raison de rigidités politiques, d'un centralisme dirigiste et d'une embolie administrative. Mais la crise ne touche pas que le secteur de la santé, elle atteint aussi bien le système financier que la chaîne d'approvisionnement alimentaire. Ainsi, des files sont constatées devant les postes où le manque de liquidité mécontente la population» note Maghreb Intelligence. D'après le document de la CIA, détaille-t-on, «les récentes annonces faites par le président algérien ont plutôt eu un impact négatif sur l'opinion publique algérienne». «Les Algériens n'attendent plus rien de la classe politique actuelle. Ils vomissent tout le système et pensent que l'armée leur a volé leur révolution», explique un diplomate occidental qui commente le document américain, cité par MI. L'Algérie est à un tournant décisif de son histoire politique ; et beaucoup s'accordent sur ce point, tandis que le régime n'a finalement apporté aucune solution viable à une crise de fond. Pire, depuis sa prestation de serment, Abdelmadjid Tebboune n'exerce la magistrature suprême que de façon intermittente, ses hospitalisations fréquentes à l'étranger et l'irrégularité de ses apparitions publiques suffisent à l'établir.