Affaibli par la défection d'un parti de sa coalition, Giuseppe Conte espère obtenir un mandat du président Sergio Matterella pour tenter de former un nouveau gouvernement. Le premier ministre italien Giuseppe Conte, en quête d'une nouvelle majorité depuis la défection d'un parti membre de sa coalition, a annoncé lundi soir qu'il présenterait sa démission mardi. Selon un communiqué de son cabinet, M. Conte a convoqué un Conseil des ministres mardi à 9 heures, destiné à «informer les ministres de son intention de se rendre au Quirinale (siège de la présidence de la République) pour démissionner». M. Conte espère obtenir un mandat du président Sergio Matterella pour tenter de former un nouveau gouvernement, le troisième depuis 2018, et mettre en œuvre un plan de plus de 200 milliards d'euros censé relancer le moteur de la troisième économie de la zone euro, refroidi par la pandémie qui a fait plus de 85 000 morts dans le pays. La crise politique a été déclenchée par l'ex-premier ministre Matteo Renzi (2014-2016), qui a retiré son petit parti Italia Viva (IV) de la coalition au pouvoir le 13 janvier, après des semaines de critiques sur la gestion de la crise sanitaire et les plans de dépenses économiques de M. Conte. IV faisait partie de la majorité aux affaires depuis l'été 2019 avec le Parti démocrate (PD, centre-gauche) et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème avant son arrivée au pouvoir), soutenus au parlement par de petites formations. Pour pouvoir rester au pouvoir et éviter la démission, M. Conte a dû se présenter devant le Parlement la semaine dernière pour un vote de confiance des deux chambres. Facile à la chambre basse, le vote au Sénat a été remporté de justesse, avec seulement une majorité relative après le retrait des sénateurs d'IV. M. Conte menait depuis des tractations tendues en coulisses dans l'espoir de s'assurer le ralliement de parlementaires indépendants ou dissidents qui lui auraient éventuellement permis de rester aux commandes en remaniant son équipe. Sans succès. «Le calcul de Conte, c'est qu'en prenant les devants, et donc en évitant une défaite humiliante au Sénat, il augmentera ses chances d'obtenir de Mattarella un mandat pour former un nouveau gouvernement», affirme Wolfango Piccoli du cabinet d'études Teneo La droite au tournant Dos au mur, M. Conte n'avait plus d'autre choix que de remettre son mandat en jeu – en espérant néanmoins conserver la confiance du président. D'autant que son ministre de la Justice doit présenter cette semaine au Sénat une réforme quasiment assurée d'être retoquée, un revers qui aurait mis son gouvernement en minorité et l'aurait de toute façon contraint à se démettre. «Le calcul de Conte, c'est qu'en prenant les devants, et donc en évitant une défaite humiliante au Sénat, il augmentera ses chances d'obtenir de Mattarella un mandat pour former un nouveau gouvernement», analysait mardi soir dans une note Wolfango Piccoli du cabinet d'études Teneo. Le secrétaire général du PD, Nicola Zingaretti, a fait savoir lundi soir après l'annonce de M. Conte que ses troupes soutiennent la formation d'un nouveau gouvernement avec le Premier ministre sortant. «Avec Conte pour un nouveau gouvernement clairement pro-européen soutenu par une large base parlementaire, qui garantisse crédibilité et stabilité pour affronter les grands défis de l'Italie», a-t-il écrit sur son compte Twitter. «Nous restons aux côtés de Conte», ont écrit dans un communiqué conjoint les leaders du M5S aux deux chambres, Davide Crippa et Ettore Licheri. S'il obtenait un mandat de la présidence pour essayer de recomposer un gouvernement, M. Conte devrait chercher à élargir sa majorité. «Il est encore trop tôt pour dire s'il réussira», a prévenu Wolfgango Piccoli, soulignant que s'il échouait, le M5S et le PD pourraient «lâcher Conte et chercher un autre candidat». L'ancien avocat, qui n'a jamais brigué de mandat électif, pourrait paradoxalement bénéficier des sondages. Aucun parti du centre et de gauche n'a en effet intérêt à précipiter des élections législatives anticipées dont les enquêtes d'opinion indiquent qu'elles permettraient à la droite de Silvio Berlusconi (Forza Italia), associée à l'extrême droite (Lega et Fratelli d'Italia), de l'emporter.