«Cher ministre de l'Intérieur, je t'ai entendu demander les ‘pleins pouvoirs' et appeler (tes partisans) à descendre dans la rue pour te soutenir ; cette attitude me préoccupe (…). Nous n'avons pas besoin d'hommes avec les pleins pouvoirs mais de dirigeants ayant le sens des institutions (…). Faire voter les citoyens est l'essence de la démocratie mais leur demander de voter tous les ans est irresponsable (…). Le pays a un besoin urgent que soient adoptées des mesures pour favoriser la croissance économique et les investissements(…). J'interromps ici cette expérience de gouvernement. J'entends conclure ce passage institutionnel de façon cohérente. J'irai voir le Président de la République pour lui présenter ma démission». C'est en ces termes que, ce mardi, dans un discours enflammé prononcé devant les parlementaires italiens, le Premier ministre Giuseppe Conte a fait part de son intention de se dessaisir du gouvernail de la coalition – Ligue (extrême-droite)/Mouvement 5 étoiles (anti-système) – qu'il détient depuis Juin 2018 mais que le ministre de l'Intérieur, Vice-Premier ministre et leader de la Ligue Matteo Salvini a décidé de faire exploser après quatorze mois de cohabitation. Désireux de capitaliser le succès rencontré par sa formation aux élections européennes du 26 mai à l'issue desquelles la Ligue avait recueilli 34% des suffrages contre 17% pour le Mouvement 5 étoiles – son allié dans la coalition gouvernementale – Matteo Salvini a décidé, le 8 Août dernier, de faire sauter cette alliance pour «préserver les intérêts de sa formation politique». Considérée par le Premier ministre comme étant «irresponsable», la décision prise par Matteo Salvini d'appeler à un nouveau scrutin va incontestablement plonger le pays dans une crise «au moment où la construction du budget se révèle délicate». Aussi, face à cette malencontreuse situation, Giuseppe Conte qui n'avait plus d'autre choix que celui de renoncer immédiatement à sa fonction de Premier ministre ou d'attendre le résultat du vote d'une éventuelle motion de censure, a opté pour la première formule et remis, le soir-même, sa lettre de démission au président Sergio Mattarella qui l'a chargé «d'expédier les affaires courantes». Mais, en démissionnant et en mettant ainsi fin au 65ème gouvernement de la République italienne, Giuseppe Conte a également ouvert la voie à un énième chaos politique dans un pays qui n'en a pas vraiment besoin et à d'intenses tractations autour du président Sergio Mattarella pour la formation d'un nouveau gouvernement. La République italienne qui renoue ainsi avec l'instabilité chronique qui a toujours caractérisé son régime se trouve donc, encore une fois, dans l'obligation de se doter d'un nouveau gouvernement en dépit de la fragmentation de sa classe politique. Est-il permis, cependant, d'espérer que, cette fois-ci, les différents partis politiques italiens vont parvenir à surmonter leurs divergences et leurs dissensions au nom de la sauvegarde des intérêts supérieurs de la Patrie? Rien ne l'indique pour l'heure mais espérons, tout de même, que cette «crise» ne sera que passagère et attendons pour voir…