Donald Trump «a eu raison» d'avoir une position «plus ferme face à la Chine», a déclaré mardi Antony Blinken, le futur secrétaire d'État du président désigné des États-Unis Joe Biden, tout en marquant son «désaccord» sur la stratégie du milliardaire républicain «sur de nombreux points». «Le principe de base était le bon», a-t-il dit devant les sénateurs au sujet de la fermeté affichée par le gouvernement Trump. Cet aveu intervient alors que le président américain sortant a lui-même fait de sa stratégie face à la Chine un des points forts de son bilan, à la veille de son départ de la Maison-Blanche. «Nous avons redynamisé nos alliances et uni les nations du monde pour faire face à la Chine comme jamais auparavant», a affirmé Donald Trump lors d'un discours d'adieu qui sera diffusé prochainement selon la Maison-Blanche, qui en a publié des extraits. Antony Blinken a toutefois estimé que cette fermeté devait s'appuyer sur une diplomatie différente par rapport à l'unilatéralisme qu'il a reproché au gouvernement républicain. «Nous devons faire face à la Chine depuis une position de force, pas de faiblesse», a-t-il plaidé, en assurant que cela impliquait de «travailler avec les alliés au lieu de les dénigrer, de participer et mener les institutions internationales plutôt que de s'en désengager». Quitter les cénacles multilatéraux «laisse la place à la Chine pour en écrire les règles et les normes et pour animer ces institutions», a-t-il relevé. Il a aussi expliqué que les États-Unis étaient davantage en «position de force» lorsqu'ils «défendent leurs valeurs quand les droits humains sont violés » ou « quand la démocratie est menacée à Hong Kong». Washington recherchera un «accord plus fort et plus durable» avec l'Iran Antony Blinken a aussi confirmé que le gouvernement de Joe Biden était prêt à revenir dans l'accord sur le nucléaire iranien à condition que Téhéran respecte à nouveau ses engagements, tout en appelant de ses vœux une entente «plus durable». «Mais nous utiliserions cela comme un point de départ, avec nos alliés et partenaires qui seraient à nouveau du même côté que nous, pour rechercher un accord plus fort et plus durable», a-t-il ajouté, estimant que cela devrait inclure le programme de missiles balistiques de l'Iran ainsi que ses «activités déstabilisatrices» au Moyen-Orient. «Cela étant dit, je pense que nous n'en sommes pas là», a-t-il prévenu. Le prochain ministre américain des Affaires étrangères a affirmé que la sortie des États-Unis de l'accord international de 2015, voulue par Donald Trump, avait renforcé la menace nucléaire iranienne. «Un Iran avec l'arme nucléaire ou sur le point d'avoir la capacité d'en fabriquer une rapidement serait un Iran encore plus dangereux que maintenant», a-t-il martelé. La solution à deux États pour Israël et la Palestine Par ailleurs, le président désigné Joe Biden estime que la seule issue viable au conflit israélo-palestinien est «la solution à deux États», a dit M. Blinken. «Le président pense comme moi que la meilleure manière, peut-être la seule manière d'assurer à Israël son avenir en tant qu'État juif démocratique, et de donner aux Palestiniens l'État auquel ils ont droit, c'est la solution dite à deux États», a-t-il affirmé. Devant les sénateurs américains, il a toutefois reconnu qu'une telle solution n'était pas «réaliste» à «court terme», appelant dans l'immédiat Israéliens et Palestiniens à «éviter des mesures unilatérales qui rendent cela encore plus complexe». Le président américain sortant Donald Trump a présenté il y a un an son plan de paix pour le Proche-Orient, qui n'octroie aux Palestiniens qu'un État démilitarisé et réduit à sa portion congrue, avec une capitale en périphérie de Jérusalem et privé des colonies israéliennes qui seraient annexées par l'État hébreu. L'Autorité palestinienne a rejeté en bloc cette proposition, refusant à l'administration Trump le statut de médiateur. Antony Blinken a aussi assuré que «l'engagement» du futur gouvernement américain «en faveur de la sécurité d'Israël» était «sacro-saint».