Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, est reparti le 10 janvier en Allemagne pour se faire soigner de «complications» à un pied à la suite de sa récente contamination par la Covid-19, suscitant doutes et appréhensions. Ce départ pour l'Allemagne coïncide avec l'accentuation de la répression étatique, de la corruption et d'un retour progressif d'anciens piliers du régime de Bouteflika sur le devant de la scène. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune retourne se faire soigner en Allemagne. Il y avait été évacué le 28 octobre après une détérioration de sa santé à la suite de sa contamination à la Covid-19. Des semaines plus tôt, il avait déclaré dans une interview télévisée que l'Algérie «possède le meilleur système de santé en Afrique». Apparaissant affaibli, incapable de se tenir debout et simplement capable de prononcer quelques phrases, alors qu'il était vêtu d'un costume surdimensionné qui souligne une perte de poids substantielle causée par la maladie. «Abdelmadjid Tebboune a rappelé aux Algériens son prédécesseur Abdelaziz Bouteflika, qui avait gouverné le pays par procuration, par l'intermédiaire de son frère et d'une bande d'oligarques actuellement en prison, pendant une grande partie de ses deux derniers mandats, avant que de grandes manifestations ne forcent les généraux militaires à le faire limoger» écrit le site algérien Algiersherald. Bien qu'il soit hospitalisé, peu de choses avaient filtré sur son état de santé. «Cependant, de hauts responsables de l'ambassade d'Algérie à Berlin qui se sont entretenus avec l'Alger Herald sous couvert d'anonymat, craignant des représailles, ont confirmé que Tebboune avait été victime d'un accident vasculaire cérébral». Âgé de 75 ans et gros fumeur, «la détérioration rapide de la santé de Tebboune a obligé l'équipe médicale allemande à effectuer une lobectomie, qui consiste à ouvrir la poitrine et à enlever les tissus pulmonaires endommagés, on ne sait toujours pas quelle quantité de ses poumons a été retirée» dévoile la même source. «Cette procédure est souvent menée sur des patients atteints de cancer du poumon et a des effets durables sur la capacité de respirer. Selon la constitution du pays, son handicap devrait lui coûter son poste de président, cependant, comme tout le reste dans ce régime voyou d'Afrique du Nord, les lois et la constitution sont secondaires aux caprices et aux fantaisies des généraux militaires» rapporte Algiersherald La Covid facilite la répression en Algérie Alors que la crise de la Covid-19 a freiné les grandes manifestations pro-démocratie connues sous le nom de ‘Hirak', l'incompétence généralisée du gouvernement et la corruption «signifient qu'il est très difficile pour les investissements directs étrangers de s'implanter dans un pays où la grande majorité de la population ne reconnaît même pas les autorités comme légitimes et où des militaires corrompus et rapaces peuvent à tout moment intervenir pour expulser un investisseur ou un autre en fonction du pot-de-vin en jeu» poursuit la même source. Alors que les manifestations de rue ont été suspendues, le mouvement s'est déplacé en ligne où la colère envers le régime a augmenté. «Pour contrer un retour potentiel des manifestations en faveur de la démocratie, le régime a opéré une augmentation des budgets des forces de sécurité, de la justice et des prisons, comme prévu dans la LF 2021», a-t-on précisé. «Tous les indicateurs semblent prévoir des troubles civils une fois que la pandémie de la Covid-19 aura diminué, des troubles amplifiés par l'inflation, une dégradation à tous les niveaux quantifiables, que le régime espère pouvoir contrer avec le recrutement de plus de policiers», note-t-on. Sur les réseaux sociaux, «les Algériens accueillent presque toutes les annonces du gouvernement avec des rires et des insultes alors que les appels à un gouvernement provisoire parallèle se sont multipliés. La dévaluation de la monnaie nationale, le dinar, a également frappé les poches des Algériens, les prix des denrées alimentaires de base ont connu une augmentation importante alors que les salaires sont restés stagnants, avec une crise du Covid-19 qui a conduit des millions d'autres à perdre leur emploi. Le gouvernement, de 39 ministres, un plus inutile les uns que les autres, s'est contenté de déclarations creuses et de promesses irréalistes», affirme-t-on. Le régime militaire a officiellement annoncé qu'il chercherait à dévaluer la monnaie nationale dans un contexte de baisse des réserves libellées en dollars et de diminution de la production de pétrole et de gaz. Pour l'économiste Nordine Grim, s'adressant à Le Point, «cette dévaluation n'est pas faite, comme c'est traditionnel, pour attirer les investisseurs et promouvoir les exportations hors hydrocarbures, mais uniquement pour booster le budget de l'État par l'effet de la conversion des revenus pétroliers libellés en dollars en dinars, ajoutant que grâce à ce gonflement artificiel des recettes budgétaires, le gouvernement algérien pourra en effet, sans trop de difficultés, payer ses trois millions de fonctionnaires, les transferts sociaux et autres soutiens de prix des produits de consommation. Ils peuvent également continuer à dépenser généreusement pour maintenir leur style de vie». «Si le régime angoissant sera en mesure de payer pour son état policier, l'impact sur le pouvoir d'achat des Algériens se fait déjà sentir. Terrorisme judiciaire au milieu d'un retour de la vieille garde Pendant ce temps, le régime militaire lui-même subit un rééquilibrage au sein de ses pôles de pouvoir. Deux criminels de guerre et anciens généraux militaires largement reconnus, Khaled Nezzar et Toufik Mediene, ont été acquittés de tout acte répréhensible à la suite d'une cabale d'un an initiée par le chef de l'armée décédé Ahmed Gaïd Salah, Nezzar, qui se cachait en Espagne, et contre qui la justice émet des mandats d'arrêt internationaux, est rentré dans le pays à bord de l'avion officiel du président. Toufik Mediene qui avait été accusé de chercher à déstabiliser l'armée a également été innocenté de tout acte répréhensible» a-t-on conclu. 2020 était l'année des crises et des échecs : politique, économique, sanitaire, selon l'opinion publique locale. Les Algériens, rêvant d'aspirations démocratiques et réclamant un Etat de droit, estiment que l'homme malade du régime a tourné le dos à ces revendications, lequel été élu avec moins de 40 % de participation, selon des chiffres officiels bidonnés.